Quand on nous demande notre avis sur l’abattage des arbres de la drève du Grand Chemin, nous nous posons d’abord la question :
« En quoi cela peut-il concerner les habitants ? Car comme le précise notre charte, notre but c’est le bien-être des habitants de la commune. »
En d’autres termes, nos actions doivent avoir un résultat positif pour les gens.
Faut-il abattre les tilleuls ?
Le vendredi 26 avril 2019, une délégation des COMMUNAUX composée de Michel Niezen, Nicolas Bartolini et Philippe Duez s’est rendue sur place pour apprécier l’état des tilleuls de la drève du Grand Chemin.
a) Première point: Le tilleul, quel est cet arbre ?
Sa vie et sa croissance
Un jardinier de Mévergnies, nous a déclaré :
Un tilleul à grandes feuilles peut vivre jusque 1000 ans à condition qu’on le laisse tranquille. Si on l’élague, on réduit sa durée de vie. Il a besoin d’espace pour se développer.
D’après lui, c’est un arbre au port harmonieux et au feuillage dense, dispensant une ombre fraîche en été. Facile à cultiver et peu exigeant, il bénéficie d’une croissance rapide et il peut atteindre environ 15 à 30 m de hauteur. La littérature nous renseigne qu’il peut vivre jusqu’à quatre cents ans, certains sujets vivent jusque 1.000 ans.
Mythologie et folklore
Traditionnellement avec ses feuilles en forme de cœur, nos ancêtres l’associent à l’amour, à la fidélité, au mariage, à la féminité, à la tendresse et à l’amitié. Toujours selon les anciens, le tilleul est associé à Aphrodite, Vénus ou Freyja. Il occupait une place importante dans les mythologies européennes et dans le folklore du vieux continent.
Sa plantation et son entretien
Lors d’une plantations en rangé, les spécialistes recommandent de respecter une inter-distance de 7 à 10m.
Son entretien nécessite peu d’intervention. C’est pourquoi, il se limite à un ramassage (si nécessaire) des feuilles mortes en l’automne ou en hiver. La taille n’est pas nécessaire, cependant, il est possible de pratiquer un élagage en hiver. A noter que les arbres taillés régulièrement ont tendance à produire de nombreux rejets au niveau de la souche. Il faut les supprimer en les coupant au ras du sol.
b) Second point: Le constat de la délégation !
« Nous avons constaté :
- Il y a de nombreux arbres brisés.
- Certains tilleuls sont dangereusement creux.
- En plus, d’autres sont contaminés par des champignons.
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- Mais contrairement à la recommandation de les planter entre 7 à 10m les uns des autres, ils sont plantés de 3 à 4m de distance. Par conséquent, ils se « battent » pour gagner en espace vital et filent vers le haut. S’agissant d’un bois tendre, le but de l’ancien propriétaire était très probablement la production industrielle pour fabriquer du mobilier d’intérieur ou/et de la statuaire.
- Cela fait depuis de nombreuses années, que leur entretien n’est pas homogène. Leur cime est tout à fait irrégulière.
- Puisqu’ils sont brisés en leur sommet, beaucoup produisent de nombreux rejets. La vue de l’ensemble est irrégulière et peu harmonieuse. »
Dès lors, à voir l’état de ces arbres, les membres de la délégation comprend difficilement que nos ancêtres aient associés le tilleul aux amours d’Aphrodite, de Vénus ou de Freyja !
Sur base de nos constats à condition de remettre des arbres au même endroit ou ailleurs, nous sommes d’avis d’accepter leur abattage .
Si le tilleul pose tant de problèmes, quel arbre peut-il le remplacer ?
Les arbres sont des puits de carbone – ils assainissent l’air en absorbant le CO2
Grâce à la photosynthèse, les arbres émettent de l’oxygène O2 et accumulent du gaz carbonique CO2. Effectivement, ils absorbent l‘eau H2O et le CO2. En plus, ils refroidissent leur environnement et offrent un habitat à beaucoup d‘animaux, de plantes et d’insectes. Leur présence est indispensable pour tous. En conséquence, il agit comme un puits de carbone qui emprisonne dans son bois le CO2 pour grandir.
Par conséquent, la suppression des tilleuls a un mauvais impact sur la qualité de vies des habitants. L’augmentation de gaz carbonique dans l’atmosphère est nocive pour la santé. LES COMMUNAUX proposent de mener une politique raisonnée de plantation d’arbres pour améliorer la confort de vie des citoyens.
C’est la raison pour laquelle, LES COMMUNAUX s’interrogent en priorité sur la capacité des tilleuls à capter le CO2.
Mais quelles sont les essences qui captent le mieux le CO2 ?
Voici un tableau édifiant de différentes essences de notre pays.
Comparé à celle de l’hêtre (100%), ce tableau montre que le tilleul à une très faible capacité d’absorption du CO2 (3%).
La N525b entre les deux giratoires
Pour compenser l’abattage des tilleuls, l’architecte du Parc prévoit la plantation de 72 arbres sur le tronçon entre les deux ronds-points. Mais, encore faut-il que l’administration des Routes accepte cette idée. Ce qui n’est pas certain.
Le hêtre peut-il être une solution ?
Effectivement, cet arbre a une capacité extraordinaire de stockage du CO2. Il produit nettement plus de biomasse en un an que tout les autres arbres. Mais, d’autres critères sont aussi à prendre en considération.
- Quel est la résistance à la sécheresse de l’arbre ? Avec le réchauffement climatique, nous constatons des périodes caniculaires de plus en plus importantes. L’hêtre ne résiste pas très bien à ce facteur.
- En fait, la fibre du tilleul est courte. C’est ce qui explique pourquoi il est si cassant. Ne devrait-on pas choisir un arbre à fibre longue ?
- Pourquoi ne pas privilégier la beauté de l’arbre plutôt que son exploitation industrielle ? Demandons au jardinier de les planter à une distance de 7 à 10m, plutôt que de 3 à 4m ?
- Certains arbres sont mellifère (attirent les abeilles), comme par exemple le tilleul. Ce critère mérite d’être pris en considération pour conserver un nombre suffisant de plantes favorable à la production de miel.
- Faut-il nécessairement planter des arbres de grandes tailles. Au plus ils sont grands, au plus grands sont les risques de chutes lors d’une tempête.
- Si son réseau de racines est important, un arbre résistera mieux aux coups de vents. Ainsi, il drainera plus de CO2 dans le sol. Nous suggérons de prendre la densité des racines en considération.
Voici notre position
Le choix d’une essence est complexe. LES COMMUNAUX proposent de consulter des spécialistes en la matière pour choisir une essence qui fait l’équilibre entre sa capacité d’absorber le CO2, la tenue à la sécheresse, la longueur de la fibre, sa taille, ses racines … .
Si le SPW refuse une plantation le long de la N525b entre les deux giratoires, comme proposé dans le plan de l’architecte du Parc, alors à charge au Parc de choisir un autre endroit sur ses terres en plus des arbres qu’il plante déjà.
(s) LES COMMUNAUIX.
Bonjour ,
Le CO2 n’est pas tout, les tilleuls sont aussi des arbres très importants pour les abeilles qui souffrent déjà tellement à cause des pesticides; couper autant de tilleuls revient encore à faire diminuer leur subsistance de manière significative -> pourrait-on réfléchir à replanter des arbres mellifères?
Bonjour Pauline,
Dans la littérature que nous avons consulté pour rédiger ce billet 26, nous n’avons jamais trouvé de mention sur les abeilles.
C’est un critère qui mérite d’être pise en considération. Nous modifions notre article en ce sens.
Bonjour Michel,
J’ai encore fait quelques recherches et me suis souvenue d’avoir lu à l’intérieur même du Parc les commentaires enthousiastes d’un visiteur du 19è siècle, impressionné par les magnifiques quadruples allées d’arbres qui y menaient.
C’était déjà les mêmes arbres, car vu leur énormité, ils ont certainement bien plus de 100 ans. C’est un prieur ou un châtelain (à partir de 1850) qui les a plantés là pour la beauté et l’agrément , et sûrement pas pour en faire des chaises.
Ils étaient plantés à bonne distance les uns des autres avant que le temps ne fasse son œuvre et ne les rapproche… tout en les rendant majestueux, magnifiques; cette drève est un ensemble unique. Elle fait partie du peu d’histoire qui reste visible à Brugelette. Le fait qu’ils soient inégaux au sommet ne justifie en aucun cas de les abattre; au contraire, cela nous renseigne sur leur ancienneté. Pour les rejets, il n’est pas trop tard pour les couper et pour commencer à entretenir les arbres. Je suis sûre que le Parc en a les moyens. Abattre des arbres centenaires pour les remplacer par un affreux parking serait une honte pure et simple; mes enfants et petits-enfants ne vivront pas assez vieux pour voir pousser une aussi belle allée.
Pourtant, on veut les priver volontairement de celle qui existe.
Qui veut noyer son chien l’accuse de la gale…
Il est curieux que les tilleuls soient accusés fort opportunément d’être malades au moment où le permis est demandé pour les abattre. On n’achète pas l’histoire locale avec des billets, pour la remplacer par du béton… Tout cela est extrêmement désolant et j’espère que quelques citoyens de Brugelette auront pitié de ces beaux arbres.