Avec horreur, la crise du Covid-19 a dévoilé la situation désastreuse des maisons de retraite. Comment retarder notre entrée dans une maison de retraite ?
Voici le plan du présent billet :
1 Le choc du confinement
2 L’impréparation
3 Les droits démocratiques muselés
4 Les propositions des COMMUNAUX
5 Conclusion et action
1 Maison de retraite – Le choc du confinement
1.1 L’abandon
Comment est-il possible que soudainement la population des ainés puisse du jour au lendemain perdre ses droits ? Le temps d’une décision, nos grands parents se sont retrouvés isolés du monde, séquestrés dans leur chambre, interdits de marcher. Perdus, ils pleuraient leur famille interdite de visite. Certains en sont mort de stress, d’angoisse ou du profond sentiment d’abandon.
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Or des messages d’alertes ont été lancés « Nous risquons de perdre plus de pensionnés à cause de la solitude que du Covid-19 »
1.2 Pourtant ils nous aimés
Nos ainés ont passé leur vie à grandir, travailler, engendrer. Enfin, ils ont rêvé d’un repos bien mérité.
C’est leur amour qui nous a aidé à grandir et à devenir les hommes et les femmes que nous sommes.
En Occident, nous avons fait le choix de les regrouper en de mêmes lieux. Est-ce vraiment la bonne attitude vis-à-vis de ceux à qui nous devons la vie ?
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1.3 L’Afrique peut nous réapprendre à plus d’humanité
Voici ce que le journal Jeune Afrique écrit le 03 mai 2020 « … Enfin, certains chercheurs remarquent qu’en Europe et aux États-Unis les personnes âgées vivent souvent entre elles dans des maisons de retraite, ce qui favorise la propagation, alors qu’en Afrique elles habitent plus fréquemment avec leur famille. Ce qui pourrait les protéger… ».
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1.4 Le tabou
Nous sommes tous des retraités en puissance. Un jour ou l’autre nous serons presque tous obligés d’aller en maison de retraite. Ce que nos ainés viennent de subir, nous pourrons à notre tour en être les victimes.
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Notre société a franchi un tabou en isolant tous ses vieux et en interdisant la visite des familles. Or ne dit-on pas « Un assassin est dangereux, parce qu’il a franchi le tabou du crime. Il a posé le geste interdit. Une fois celui-ci accompli, il sait ce qui se passe. Il est devenu un récidiviste potentiel. »
Puisque l’impensable s’est produit, il sera plus aisé de le refaire à la prochaine épidémie.
C’est ce qui se passera si le monde politique ne procède pas à une réforme du fonctionnement des maisons de retraite.
2 Maison de retraite – Réagissons à l’impréparation !
2.1 L’excuse pour masquer l’incompétence
Nous avons été surpris d’apprendre que des maisons de retraite « manquaient de tout » ! Pourtant nous savons tous que ce sont des lieux occupés par des personnes à la santé fragile. Elles sont plus aisément sujettes à la maladie. Il n’est pas rare que de mini-épidémies de grippe déciment une partie des occupants.
Quel a été notre étonnement de lire dans la presse les plaintes du personnel ne disposent pas de masques de protection sanitaire en réserve. Dès le premier jours, c’était la pénurie. La panique gagnait ces établissements censés protéger leurs pensionnaires.
Pour « le bien des pensionnaires », les directions se sont octroyées le droit de cacher leur imprévoyance, leur incapacité à anticiper ce qui tôt ou tard pouvait se produire. Elles ont balayé sous le tapis leur imprévoyance pour masquer le problème.
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3 Maison de retraite – Les droits démocratiques muselés
3.1 Passé l’âge, les personnes âgées perdent leurs droits de citoyens
Les paroles « Passé l’âge, les personnes âgées perdent leurs droits de citoyens » sont-elles exagérées ? Peut-être pas ! Pour s’en convaincre, lisez la mésaventure de Mohamed et Ghita. Cela peut nous arriver à tous.
Ce couple veut quitter la maison de retraite. La RTBF relate leur histoire dans l’article « On est enfermé à clé, on ne peut pas sortir ». (RTBF 30-04-2020)
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3.1.1 Leur fille Myriam dit
« Quand on a Papa au téléphone, il pleure, ils nous implorent de venir le chercher. C’est lui qui le demande, qui le réclame. Personne ne le force.
Si nous insistons auprès du home, c’est qu’il s’agit de nos parents tout de même. C’est aussi parce que la direction nous refuse un droit légal ou alors parce que nous n’avons aucune réponse à nos appels. Je rappelle que cela fait deux mois que nous demandons le départ de nos parents. »
3.1.2 L’avocat de la famille dit
« La situation subie par mon client et son épouse est tout à fait inacceptable. » Il est formel : « Il n’y a aucune base légale pour les priver de leur liberté.«
3.2 La démocratie en danger
3.2.1 Absence de contrôle social
Les visites familiales et des amis (pour les ainés isolés) sont un contrôle social du bon fonctionnement de la maison de retraire.
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Chaque visiteur c’est :
- une paire d’yeux pour voir ce qui se passe dans la maisons de retraite. La chambre est-elle propre ? La maison est-elle bien tenue ? La tenue des aides-soignantes est-elle correcte ou bien est-elle négligée ?
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- une paire d’oreilles pour entendre ce qui se dit. Le parent se plaint-il de quelque chose ? Est-il content de la manière dont il est traité ?
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- une bouche pour parler. Le dialogue avec la direction et les aides-soignantes est importante. Qui mieux que les proches parents connaît l’ainé.
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Nous connaissons tous des cas où c’est la famille qui a vu un problème chez son « grand parent ». Elle a immédiatement alerté l’établissement pour une intervention rapide.
3.2.2 Propagation du virus
Les familles étant écartées, ce lieu s’est replié sur lui-même.
Deux semaines après l’interdiction des visites, la presse révèle que c’est l’hécatombe parmi les pensionnaires. Que s’est-il passé ? Les directions et le personnel soignant n’auraient-ils pas manqué de précautions ? N’aurait-il pas introduit eux-mêmes le Covid-19 ? Les règles d’hygiènes ont-elles été correctement mises en place ? Personne n’était là pour le voir.
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La situation fût catastrophique. La Région de Bruxelles-capitale et la Région Wallonne ont été obligé de faire appel aux services sanitaires de l’armée !
3.3 La démocratie a-t-elle été muselée ?
Comme pour les prisons, le droit de visite est un droit démocratique. C’est la responsabilité des établissements de s’organiser pour l’assurer EN TOUTES CIRCONSTANCES. Les responsables bénéficient d’une rémunération suffisante pour assurer et garantir ce droit essentiel.
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« Il est stupéfiant de constater que le gouvernement fédéral ait dû faire marche arrière alors qu’il voulait – avec l’accord des Régions – rendre leur droit de visite aux ainés et aux familles. »
La pandémie a été l’excuse pour torpiller ce droit élémentaire. La presse a tiré à boulet rouge pour abattre la décision politique fédérale en faveur des familles et des ainés. Pourtant, cela fait quatre semaines que les établissements ont eu le temps de se réorganiser !
4 Maison de retraite – Les propositions des COMMUNAUX
4.1 Une enquête parlementaire
Nous demandons que nos représentants diligentent une enquête parlementaire. La bonne gestion politique implique que nous devions comprendre ce qui s’est passé au niveau des maisons de retraite. Quelles sont celles où il y a eu le plus de morts par rapport au nombre total de résidents ?
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Alors qu’une maison de retraite accueille des personnes à la santé potentiellement fragiles, fragiles voire même très fragiles ? Pourquoi cette impréparation des directions à une épidémie.
Nous demandons toute la clarté sur ce qui s’est passé.
4.2 Les CPAS qui gèrent des maisons de retraite
Nous nous interrogeons plus particulièrement sur les CPAS qui gèrent des maisons de retraite.
4.2.1 L’obsession du secret des CPAS
A titre d’exemple et pour comprendre jusqu’où va cette obsession du secret, nous relatons notre vécu lors de la nomination d’une de nos membres comme Conseillère CPAS.
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Nous avons voulu assister à sa prestation de serment début 2019. La direction du CPAS s’y est opposée. Le fonctionnaire de la Région wallonne a confirmé la légalité de la position du directeur (pour plus de détail lisez notre billet n°10) :
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En clair, les élus disposant d’un mandat originaire (élus directs par les citoyens) ne peuvent même pas assister légalement à la prestation de serment des personnes disposant d’un mandat dérivé (élus indirects) qu’ils ont eux-mêmes désignés. (voir également le billet « 17. Les CPAS – La prestation de serment – les conseiller communaux exclus. (n°17)«
Cette situation a des conséquences incalculables.
Cette confidentialité est acceptable pour les questions relatives aux personnes bénéficiant des services du CPAS. En revanche, elle est inacceptable pour tout ce qui relève des actes de gestion.
4.3 Renforcer le contrôle démocratique
Pour qu’un changement puisse être initié au niveau des maisons de retraite gérées par des CPAS, il faut commencer par le sommet. Celui-ci est le Conseil du CPAS. Contrairement au Conseil Communal, il fonctionne intégralement à bureau fermé.
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Notre expérience comme Conseiller Communal nous enseigne que la présence du public impacte fortement notre attitude lors des séances. La présence du public est un réel stimulant qui protège la démocratie.
La proposition des COMMUNAUX est simple :
« Puisque les électeurs ont le droit d’assister aux Conseils Communaux, les Conseillers qui ont désigné les Conseillers CPAS ont le droit d’assister aux Conseils du CPAS. Seule des affaires personnelles imposeront le hui’ clos. »
La conséquence sera que les Conseillers CPAS pourront alors parler librement de leurs préoccupations avec les Conseillers Communaux de leur groupe. Cela brisera la règle de l’omerta légale des CPAS.
Le déficit de démocratie, c’est-à-dire ici l’exclusion d’une présence externe lors des séances du Conseil CPAS conséquence d’une obsession du secret, est un facteur qui a aggravé la crise que nous connaissons. Un pan aussi important de notre organisation socio-politique ne peut pas rester en dehors du radar de la démocratie.
5 Conclusion et action
5.1 Nous sommes désenchantés
Bien souvent une maison de retraite nous est présenté comme un monde idyllique. Ci-dessous 3 photos construites à l’aide de phtographes spécialisés. Tout le monde est souriant. L’éclairage de la photo est parfait. Nous sommes dans un monde irradié de bonheur.
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Mais il y a une autre réalité plus triste que la crise du coronavirus a mis en évidence. Les trois photos ci-dessous révèle un monde de démence, de regrets, de solitude.
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5.2 Nous sommes désillusionnés
Si une enquête parlementaire doit amener à des conclusions, nous doutons de la capacité de réforme et sur la volonté de changement des parlementaires belges.
Ils ont mis 40 ans à nous construire un Etat débile avec 9 ministres de la santé pour s’occuper de nous et de notre portefeuille. Au 16-05-2020 nous avons malheureusement 9.005 décès par Covid-19 dont 51% dans une maison de repos et de soins. Qu’ont-ils fait ?
Nous leur demandons des comptes.
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5.3 Fuyons …
« Le contrat social entre nous et les maisons de retraite est brisé. Nous serons enfermés dès le moindre problème. La maison de retraite interdira à nos enfants et petits-enfants de nous rendre visite. L’évidence, c’est de rester le plus longtemps possible en bonne santé. C’est la seule manière pour réduire notre dépendance future à l’égard de cette administration … » dixit une personne de 66 ans.
5.4 Réduisons notre dépendance
Mais comment réduire cette dépendance aux maisons de retraite ? C’est la grande question à laquelle il est très difficile de répondre. Mais cela vaut la peine d’y réfléchir, comme cela vaut la peine de penser à ce qui nous attend.
Notre prochain billet examinera les différentes statistiques que l’Etat belge collecte sur le décès de ses citoyens. En ayant une meilleur idée de sa manière de voir les choses, nous pourrons probablement tirer des enseignements utiles …
… non pas pour vivre « plus longtemps », mais pour vivre « plus longtemps en bonne santé ».
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Autre article à lire : Maison de retraite – Le contrat social brisé – Le Trépas – partie II – billet 69
Maison de retraite le contrat social brise – Utopia-105 – Partie III billet-n71
Conseiller communal à Brugelette