Le Covid-19 est à l’origine d’une hécatombe dans les maisons de retraite (70 %). Comment éviter d’y entrer ? Avant d’agir informons-nous sur les données que l’Etat récolte sur le trépas des belges ?
Le trépas vu par l’Etat belge
1 Rappel du billet n°68
Notre billet 68 « Maison de retraite – Le contrat social brisé – Partie I» terminait par :
« Le contrat social entre nous et les maisons de retraite est brisé. Nous savons maintenant qu’au moindre problème, nous serons enfermés. La maison de repos interdira à nos enfants et petits-enfants de nous rendre visite. L’évidence, c’est de rester le plus longtemps possible en bonne santé. … »
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2 Le trépas – Les différentes statistiques vues dans ce billet
Le but de cet article est de rechercher des enseignements pour rester le plus longtemps possible à la maison. Nous allons examiner des statistiques de l’Etat belge, à savoir
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- La durée de vie des personnes
- Le nombre total de décès par an
- La mortalité par 1.000 habitants
- L’espérance de vie en « bonne santé »
- Le trépas en fonction de l’âge
- La mortalité perdue !
- Les causes de mortalité
- Les motivations d’Euthanasie
Toutes ces statistiques, parfois sans lien entre-elles, représentent une facette de la réalité du trépas dans notre pays.
3 Le trépas – La durée de vie
3.1 Une formidable amélioration des conditions de vie depuis 1831
De 1880 à 2018, c’est-à-dire en 138 ans, la durée de vie moyenne des belges est passée de 45 à 81 ans.
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C’est une progression extraordinaire jamais connue depuis l’aube des temps.
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3.2 Un fossé entre la Wallonie et la Flandre
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Les Wallons vivent en moyenne 3 ans (2010) de moins que les Flamands !
Voici le tableau de l’espérance de vie des flamands et des wallons ainsi que des femmes et des homme à la naissance.
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Nous savions déjà que les femmes vivaient plus longtemps que les hommes, mais nous ignorions l’ importante différence de trépas entre la Wallonie et la Flandre. Dans la carte ci-dessous, plus l’espérance de vie moyenne est élevée, plus la couleur est rouge. Moins l’espérance de vie moyenne est élevée, plus la couleur est bleue.
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Les graphiques et la carte témoignent d’un problème en Wallonie. Une différence de plusieurs années de vie entre deux régions aussi proches est anormal.
Voyons les choses positivement. Cette différence offre aux wallons, que nous sommes, une possibilité de gagner des points de vie. Nous devons comprendre pourquoi les flamands vivent plus longtemps !
4 Le trépas – Le nombre total de décès par an
En 2018, le nombre total de décès était de 110.645 contre 104.039 en 1988. Ce chiffre est relativement stable. Cependant, il augmente régulièrement ces dernières années.
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Sachant que 51% des 9.000 décès se sont produits en maison de retraite, le nombre de décès de la population active est de l’ordre de 4.500 soit un accroissement maximum moyen de 4% de mortalité annuelle.
Fallait-il vraiment arrêter tout un pays à cause du décès de 4.500 personnes actives sur une population totale de 11.000.000 d’habitants (0,00041 %) ? Aucune information n’est disponible sur l’état de santé initial de ces personnes. Étaient-elles en pleine possession de leurs moyens ou bien étaient-elles déjà affaiblies par d’autres maladies ? Seraient-elles de toutes façons décédées cette année ?
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Résignés devant toutes ces interrogations, nous attendons le virus économique qui tuera de nombreuses entreprises au risque d’entraîner notre pays vers la ruine. Le flot des chômeurs et des personnes ruinées commence à enfler aux portes de l’ONEM et des CPAS.
5 Le trépas – La mortalité par 1.000 habitants
5.1 Le taux brut de mortalité
Bonne nouvelle, en Belgique, il diminue insensiblement avec le temps. C’est le pourcentage annuel de décès par rapport au nombre d’habitants.
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En 66 ans, le pourcentage de décès par an est tombé de 12% à 9,8% en Belgique. Le graphique montre aussi que le taux de mortalité des hommes rattrape celui des femmes. Pourquoi ce renversement de tendance ?
Mieux comprendre ce phénomène peut aider les hommes à vivre aussi longtemps que les femmes.
5.2 Mesure de la différence de mortalité entre femmes et hommes.
La différence croissante du nombre de décès féminin avec celui des hommes de 1988 à 2018 témoigne d’une surprenante régularité à la hausse.
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Pour la première fois en 1997, le nombre de femmes décédées en un an en Belgique dépasse celui des hommes. En 1988, il y avait 2.317 décès d’hommes en plus. En revanche en 2018, ce sont 2.531 décès de femmes en plus.
Cette différence est-elle due à la réduction du nombre de décès des hommes ou bien à l’augmentation de celui de femmes. Ou bien les deux se combinent ?
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Le graphique précédent compare le nombre total de décès par sexe. Celui de la mortalité annuelle confirme bien que la différence est dû à la hausse plus forte du décès féminin que celui des hommes.
La parallélisme entre les deux courbes est étrange. Le graphique traduit une danse synchronisée où le trépas de chaque sexe se déplace en harmonie l’un par rapport à l’autre. Quand la mortalité de l’un monte, celui de l’autre monte également, et inversement !
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Nous décelons dans l’augmentation du trépas féminin un indice de vieillissement de la population. Plus loin un graphique révèle que passé 82 ans le nombre de décès féminin augmente sensiblement.
5.3 Tentative d’explication : les communautés monastiques
Les moines et les moniales sont réputés pour vivre très longtemps. Contrairement à la population, la durée de vie moyenne des moines est supérieure à celle des moniales. Ce constat laisse entendre que la durée ne serait pas nécessairement dépendante du sexe. Elle serait plutôt le fruit du style de vie menée.
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En accédant aux fonctions et aux métiers des hommes, les femmes en subissent les mêmes conséquences. La tension, le stress, … ont probablement un impact plus important qu’on ne l’imagine sur la durée de vie. Toute chose à un prix.
Cette constatation est une piste de réflexion sur notre mode de vie et son impact sur notre désir de vivre plus longtemps en bonne santé.
5.4 Affronter la vieillesse à deux
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Au fil du temps, la différence entre la Wallonie et la Flandre en matière de cohabitation se marque de plus en plus. La carte ci-dessous nous interpelle fortement.
Les flamands vivent en moyenne 3 ans (2010) de plus que nous. Ils affrontent plus nombreux la vieillesse en couple. En 2010, le statisticien relève que les célibataires sont les plus nombreux parmi les 50naires.
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Affronter la vieillesse à deux n’est-il pas un meilleur gage de vie, indépendante des maisons de retraite ? Chacun au sein du couple prenant sa part, il soulage le partenaire et lui permet de garder son autonomie plus longtemps. L’un soutenant l’autre.
6 Le trépas en fonction de l’âge
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Actuellement, la personne doyenne de l’humanité est une japonaise de 112 ans.
Le graphique ci-dessous de la mortalité belge est plein d’enseignements utiles pour se faire un plan d’action. Les années charnières sont :
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76 ans A partir de cet âge le nombre de décès s’accélère. Ce basculement est valable tant pour les hommes que pour les femmes.
82 ans La courbe de décès des hommes croise celle des femmes. A partir de cet âge, les femmes décèdent plus nombreuses que les hommes.
47 ans A partir de l’âge de 47 ans, le nombre de décès selon l’âge dépasse celui des bébés à la naissance.
Ces courbes avertissent que l’âge de 76 ans est une charnière importante pour mettre ses affaires en ordre. A partir de celui-ci, le risque de mortalité devient trop important pour ne pas avoir préparé sa succession.
7 Le trépas – L’espérance de vie « en bonne santé »
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Encore une statistique optimiste !
L’ espérance de vie sans incapacité calculée à la naissance correspond au nombre d’ années que peut espérer vivre une personne sans être limité.
Cette espérance est un concept clé pour nous aider à rechercher une vie prolongée éloignée des maisons de retraite. Les graphiques ci-dessous d’espérance de vie « en bonne santé » expriment la part de la population de plus de 15 ans se percevant en « bonne » ou « très bonne » santé.
Pour les hommes:
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Pour les femmes
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Les personnes de +65 ans peuvent espérer vivre en bonne santé en moyenne encore pendant 11 ans. Pour la plupart des gens, les ennuis commencent vraiment à partir de 76 ans.
Le niveau d’instruction à un impact important sur l’espérance de vie en bonne santé. Ceci ouvre un champ de réflexion sur le « prédéterminisme » de la durée de vie en fonction du niveau scolaire des adolescents.
Les études Pisa montrent une différence de niveau de formation entre les jeunes wallons et les jeunes flamands. Le constat de l’espérance de vie « en bonne santé » ne permet-il pas de se poser la question si plus tard, les jeunes flamands bénéficieront d’une durée de vie moyenne plus longue que leurs homologues wallons ?
Ces deux tableaux laissent entendre qu’espérer une fin de vie « en bonne santé » se construit dès les premiers âges de la vie.
8 Le trépas – La mortalité « perdue » !
On appelle la mortalité perdue (ou mortalité évitable) les décès qu’une société bien organisée aurait pu éviter. Cet indice se calcule pour la tranche d’âge de 0 à 75 ans.
8.1 La mortalité perdue chez les hommes
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Les hommes décèdent prématurément principalement à cause d’une crise cardiaque. Une bonne prévention aurait permis de maintenir ces personnes en vie.
8.2 La mortalité perdue chez les femmes
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Le cancer du sein est la véritable pandémie des femmes. Elle est bien plus importante que le covid-19. Ce cancer justifie grandement les campagnes de préventions et de dépistages.
Une meilleure prévention chez les femmes permet d’éviter 56% de décès prématurés. Chez les hommes, ce pourcentage monte à 73%. Les principales causes sont :
Hommes: maladie cardiaque 40,5% – maladie cérébrovasculaire 15,6%
Femmes: cancer du sein 24% – maladie cardiaque 12%
8.3 La mortalité perdue cartographiée
Dans l’analyse du trépas, l’Etat belge va jusqu’à cartographier les résultats obtenus. Cela permet de visualiser les arrondissements qui présentent le risque le plus important. Dans l’arrondissement de Maaseik la moyenne se situe entre 344 et 379 décès pour 100.000 habitants. Par contre dans les arrondissement de Tournai, Mons, Charleroi la moyenne navigue entre 671 à 739 décès.
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Avec trois arrondissements les plus touchés (Tournai, Mons, Charleroi) la province du Hainaut fait office d’épouvantail. La Région de Bruxelles-Capitale fait moins bien que tous les arrondissements de la Région flamande.
- Suggérer d’aller en Flandre, au Brabant wallon, dans l’arrondissement de Verviers ou celui d’Arlon est un peu court. Tout le monde n’a pas les moyens de déménager et/ou d’y trouver un emploi. C’est aussi rompre avec les attaches familiales qui nous ancrent dans notre terroir.
- Nous ne pensions pas que le Hainaut se portait aussi mal comparé aux autres provinces du pays. Vu que le bassin liégeois présente de meilleurs résultats, l’argument de l’effondrement économique dû à la fermeture des charbonnages et de la sidérurgie est sujet à caution.
Selon diverses études « cette différence de mortalité existait déjà en 1947, alors que la Wallonie était plus prospère que la Flandre. »
Quel est le secret des flamands qui leur permet de vivre plus longtemps que nous les Wallons ? Ceci pourrait nous aider dans notre quête pour rester plus longtemps « en bonne santé ».
9 Les causes de mortalité
9.1 Différences entre hommes et femmes
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Femmes : Plus de tumeurs
Hommes : Plus de problèmes circulatoires
9.1.1 L’évolution des « causes de mortalité » en Hainaut
Voici l’évolution des taux de mortalité en Hainaut de 1987 à 2012. Il n’est pas représentatif de la Wallonie, mais c’est le seul tableau que nous avons pu trouver sur le sujet.
Ce tableau montrent que des actions ciblées par les pouvoirs publics sont légitimes pour réduire certaines causes qui mettent prématurément fin à la vie.
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Pour les hommes l’amélioration de l’appareil circulatoire (courbe rouge) et les tumeurs (courbe mauve) est manifeste. La réduction du tabagisme a un impact positif (courbe verte).
Pour les femmes, seul l’appareil circulatoire (courbe rouge) est l’objet d’une nette réduction. Les tumeurs (principalement du sein – courbe mauve) sont restées stables. La mortalité due aux maladies respiratoires (courbe verte) a progressé de 54% en 25 ans. La consommation de la cigarette à partir des années soixante-septante est clairement mise en cause.
Le covid-19 nous coûtera au minimum 10.000.000.000 €. L’Etat aura-t-il encore les ressources pour continuer sa politique de prévention pour éviter les morts perdues ?
Il y aura aussi une incertitude sur les subsides que les maisons de retraite pourront recevoir de l’Etat. Cela ne fait qu’augmenter la nécessité de se prendre en charge soi-même le plus longtemps possible.
9.2 Les motivations d’euthanasie
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La Belgique fait partie des quelques pays qui ont légalisé l’euthanasie. On n’en parle pas beaucoup, le sujet est encore tabou.
Les demandes d’euthanasie illustrent les angoisses et les souffrances de leurs demandeurs. Elles sont essentiellement liées aux cancers. Ils représentent 61,4% des demandes en 2019 sur un total 2.357 décès provoqués.
Investir dans la recherche sur les tumeurs peut avoir un impact positif sur la réduction des demandes d’euthanasie. Ceci ne peut que favoriser notre espoir dans une fin de vie « en bonne santé » loin des maisons de retraite.
10 Le trépas – Augmenter sa capacité à vivre à la maison
Cet étonnant voyage au pays des statistiques de la Belgique, nous permet de tracer quelques grandes lignes directrices. La statistique du trépas en fonction de l’âge nous aide grandement à nous positionner.
Pour pouvoir rester plus longtemps à la maison parmi les siens, il faut pouvoir agir principalement sur 3 facteurs presque simultanément :
- Réduire la mortalité perdue: aplatir la courbe jusque +/- 76 ans
- Réduire les causes de mortalité non naturelle au-delà de 76 ans : repousser la courbe vers la droite
- Augmenter l’espérance de vie: repousser la courbe vers le bas pour réduire le nombre de décès par an.
Tout cela en restant en bonne santé le plus longtemps possible !
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11 CONCLUSIONS
11.1 La solidarité familiale
La vie trépidante, les dettes, la difficulté de trouver un emploi épuisent les jeunes qui ont alors de plus en plus de mal pour soigner un ainé dont l’esprit s’égare. Il est de plus en plus difficile de faire cohabiter plusieurs générations sous un même toit. La solidarité familiale s’en est fortement ressentie.
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Cet abandon de la cohabitation des générations sous un même toit a été investi par les maisons de retraite. Elles offrent une alternative aux enfants de plus en plus endettés ayant l’obligation de travailler. Le placement des ainés est devenu une option qui a fait son chemin dans notre société.
11.2 Le placement des grands-parents
Le marketing des directeurs de vente a promu « le bonheur de vivre des ainés » pour déculpabiliser leur exclusion du cercle familiale. Une nouvelle société de grands parents « goutant le bonheur bien mérité » a été marketée de toutes pièces. De très belles images circulent sur Internet. Certaines grand-mères sont de véritables stars.
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La crise du coronavirus a fait voler en éclat ce merveilleux modèle.
Il y a eu plus de pensionnaires décimés dans les maisons de retraites (51%) que de personnes dans les hôpitaux. Pourtant les virologues, les épidémiologues, les pneumologues … les dramatologues nous ont bassiné les oreilles quasi exclusivement avec les décès en hôpitaux. Qui a parlé de « pic de décès » dans ces maisons ?
Or les oubliés du covid-19 représentent toujours une grande richesse pour notre société. Lire l’article de presse « Pourquoi notre société n’aime pas les vieux… et pourquoi c’est dangereux »
11.3 Les limites des statistiques
11.3.1 Faire des recoupements
Les statistiques photographient une situation à un moment donné. Mais que se passera-t-il après ? Les informations sont-elles vraiment fiables ? L’interprétation des résultats est-elle correcte ?
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Pour éviter cet écueil, nous avons tenté de rechercher des informations qui illustrent la complexité du trépas en Belgique. Nous avons appris
- Ces dernières années l’écart diminue entre hommes et femmes au point que le nombre de femmes décédées dépasse celui des hommes. Notre société vieillit-elle aussi fort que cela ?
- Les flamands semblent rester plus longtemps en couple. Ce constat nous interpelle ? A deux sommes-nous vraiment mieux à même pour affronter le grand âge ?
- Des efforts semblent être accomplis par l’Etat belge dans la prévention des maladies cardiovasculaires. La lutte contre les tumeurs en faveur des femmes et pour réduire les cause d’euthanasie est-elle suffisante ? Nous n’avons pas trouver beaucoup d’informations à ce sujet.
- La mortalité perdue est impactée par le niveau de formation scolaire. Elle dépend aussi de la position sociale occupée dans la société.
- Pourquoi les flamands ont-ils une mortalité perdue moins grande que celle des wallons ?
- Une différence de 3 ans (2010)n en moyenne existe entre les flamands et nous. Comment est-ce possible ?
11.3.2 Etonnement devant l’impréparation
Toutes les informations de l’Etat belge sur le trépas de ses habitants sont disponibles. Cela ne fait que renforcer notre étonnement devant l’impréparation de certaines maisons de retraite. Pourtant, elles savent qu’elles s’occupent d’un public fragilisé et en fin de vie. La pandémie nous a montré le décalage entre les beaux discours et la réalité de terrain.
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Au-dessus des directions, il y a les pouvoirs organisateurs et pour certain(e)s les CPAS. Par exemple pour les CPAS, comment une administration peut-elle bien fonctionner quand son organe suprême vit sous un régime d’omerta légalisé ?
MAIS en définitive ce qui intéresse notre groupe citoyen ce sont les applications pratiques qui peuvent découler de ce que nous avons appris. Que pouvons-nous en retirer ?
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Ce sera l’objet de notre troisième billet « Maisons de retraite – Le contrat social brisé – Partie III (n°71) ». Nous ferons le difficile exercice d’aborder des thèmes sensibles comme par transposer une utopie sociale en utopie médicale … .
Et le plus intéressant sera de tenter de comprendre pourquoi les flamands vivent en moyenne 3 ans (2010) de plus que nous.
Autre article à lire : Maison de retraite – Le contrat social brisé – La tristesse – Partie I – billet 68
Maison de retraite – Le contrat social brise – Utopia-105 – Partie III – billet 71
Conseiller communal à Brugelette
MAISON DE RETRAITE – LE CONTRAT SOCIAL BRISÉ – PARTIE II – LE TRÉPAS VU PAR L’ETAT BELGE :
Je trouve cet article troublant et exceptionnel en cela qu’il confronte somme toute le rendu clinique et impersonnel des chiffres avérés aux concepts sociologiques et philosophiques qui s’interrogent sur le sens et le poids d’une vie humaine. Si d’une part, la vie est miraculeuse et féerique, d’autre part la nature elle-même la retire à ceux à qui elle l’a donnée. Quant à l’espèce humaine, elle s’est déjà exprimée sur l’importance qu’elle accorde à la vie de ses ressortissants: Dutroux enterrait ses vicrimes (Ann et Eefje) vivantes, Hilter a fait breveter le concept de génocide, pourtant omniprésent au cours des 20 siècles précédents, les entreprises alimentaires empoisonnent les populations, les Etats démocratiques implémentent les famines dans le tiers-monde, Pairi Daiza supplicie le monde animal et notre civilisation planifie scrupuleusement la proche holocauste climatique. Alors, oui, en effet, fallait-il se battre pour sauver toutes le vies que la reprise économique anéantira demain ? Je salue quand même cette remarquable volonté de réflexion propre aux Communaux qui tentent constamment de susciter le débat sur des enjeux importants face à une majorité communale amorphe, inerte, sous-instruite et non-pensante car tellement pauvre…