La cotisation de la commune de Brugelette à l’ IDETA est passée de 9.428,94€ (2016) à 25.117,49€ (2019). LES COMMUNAUX demandent sa réduction voire sa suppression. Pourquoi cette demande ?
1 IDETA – comment agir !
1.1 IDETA – son origine
Début 2000, vingt communes de la WAPI (Wallonie Picarde) créent IDETA dont la dénomination est « Agence Intercommunal de Développement Economique des Arrondissements de Tournai, Ath et de communes avoisinantes ».
Même si au cours de son histoire son objet social s’est étendu progressivement, il est généralement compris comme celui du « développement économique » et c’est dans ce sens que nous l’analysons dans le présent document.
–
Les communes actuellement pleinement associées à IDETA sont Antoing, Ath, Beloeil, Bernissart, Brugelette, Brunehaut, Celles, Chièvres, Ellezelles, Enghien, Flobecq, Frasnes-lez-Anvaing, Lessines, Leuze-en-Hainaut, Mont de l’Enclus, Pecq, Péruwelz, Rumes, Silly, Tournai.
1.2 IDETA – l’objectif du développement est-il atteint ?
Un indice d’un bon « développement économique », c’est le développement de l’emploi.
Le graphique ci-dessous résume l’histoire catastrophique de l’emploi en Belgique. En 1974/1975, nous assistons à son effondrement en Wallonie. En 10 années c’est l’explosion du chômage. Nous passons de moins de 100.000 à plus de 600.000 personnes sans emploi.
–
Pour retrouver une situation d’avant 1974, le seul choix possible c’est de viser l’accroissement actuel de l’emploi et non pas sa stabilisation.
C’est le point de vue adopté dans ce billet. Stabiliser l’emploi n’est pas acceptable. Il faut viser son accroissement.
Après 20 ans d’activité quel est le bilan de l’ IDETA? A-t-elle atteint les objectifs assignés par les communes fondatrices ? Les centaines de millions d’euro investis ont-ils tenus leur promesse ?
1.3 IDETA – Peut-on parler de sa réussite ou non ?
1.3.1 L’autorité de s’exprimer.
Un Conseiller communal a-t-il l’autorité pour exprimer le point de vue des COMMUNAUX sur le bilan de l’ IDETA ? N’est-ce pas un individu perdu dans la masse des 171.135 habitants peuplant les 20 communes associées de l’intercommunale !
Sur un total de 504 conseillers communaux susceptibles d’être envoyés aux Assemblées générales, 125 disposent du mandat officiel pour voter au nom de leur commune. Michel Niezen est un des 5 délégués représentant le Conseil communal de Brugelette.
Être mandataire permet d’obtenir plus aisément de l’information pour étudier les dossiers. Sans information, il est impossible d’être crédible !
–
1.3.2 L’action en dehors du Conseil communal ?
Les COMMUNAUX sont un groupe élu par la population brugelettoise. Peuvent-t-il agir seul indépendamment des institutions ?
Le CLDL (Code de la Démocratie Locale et de la Décentralisation) précise à l’article L1523-13 §1er (alinéas 4 et 5),
« la séance de l’Assemblée générale est ouverte à toutes les personnes domiciliées sur le territoire d’une des communes associées ».
Cet article permet à tout individu, et donc aux COMMUNAUX en tant que tels, d’accéder officiellement à un centre de décision de l’intercommunale.
Certes il ne faut pas se faire d’illusion. Le chemin n’est pas facile pour arriver à ses fins. Mais, la démocratie belge est ainsi faite, qu’elle permet aux idées de traverser les murs. L’important est de trouver les plus minces et les plus poreux.
–
1.3.3 Le respect des institutions
Cependant, indépendamment de la liberté accordée par l’article L1523-13 §1er (alinéas 4 et 5), les COMMUNAUX informent régulièrement l’ensemble des Conseillers communaux de Brugelette de leurs démarches auprès de l’ IDETA.
Nous tenons à respecter les institutions, qui fondent notre démocratie.
2 IDETA – l’emploi
2.1 Rendre comparable différents résultats
Notre analyse se concentre sur la population dont la rapidité de son accroissement varie de commune à commune.
Par exemple, si la population d’une commune a augmenté de 16% sur 15 ans alors qu’une autre a stagné à 6% nous devons en tenir compte. Sinon nous risquons d’affirmer que la première est plus performante ; alors qu’à croissance de population égale, c’est peut-être la seconde qui a de meilleurs résultats.
Le but n’est pas d’analyser les mouvements de population de travailleurs, mais bien de détecter si la politique d’accroissement de l’emploi est une réussite ou non.
En pratique, les mouvements de population sont faibles dans notre région. Leur impact dans les statistiques étudiées ne modifie pas sensiblement les résultats.
2.2 Brugelette comparé à Ath, Ellezelles, Silly, Lessines, Chièvres.
2.2.1 Le choix des communes :
L’élément central de notre analyse c’est le zoning industriel de Ghislenghien.
Les communes qui nous paraissent les plus concernées sont Ath, Brugelette, Ellezelles, Lessines, Silly et Jurbise. Nous avons exclu Leuze, Enghien et Frasnes qui disposent déjà d’un zoning d’activité.
2.2.2 Des courbes étonnement plates !
–
Les courbes d’emplois étalées sur une périodes de 15 ans sont extraordinairement plates ! Où est le développement ?
La première question qui nous vient à l’esprit, c’est de prendre du recul pour ne pas tirer des conclusions hâtives. Notre analyse se fait peut-être sur un territoire trop restreint. Vis-à-vis de la zone IDETA, du Hainaut, de la Wallonie … nos communes seraient-elles un cas particulier ?
2.3 La zone IDETA (20 communes)
2.3.1 La crédibilité des résultats
Les données utilisées sont le résultat de l’agrégat de 13 bases de données issues d’administrations officielles RSZ-DMFA, RSZPPO, RSVZ, RIZIV, CBS, IGSS, OEA, SEE, RVA, IWEPS, Statbel – Bevolkingsstatistieken, DWH AM&SB bij de KSZ, BISA) gérée par le Vlaamse Arbeidsrekening. Elles portent sur toute la Belgique dont la dernière mise à jour date de juillet 2019.
Ces données nous ont permis d’extraire 137 tableaux statistiques, qui nous ont aidé à composer les graphiques de ce billet.
NB: Au niveau fédéral et régional, l’outil en ligne Dynamstat.be permet de connaître le nombre de créations (concept qui se rapproche donc du nombre « d’embauche ») et de pertes d’emploi (©DynaM-reg, projet de coopération entre l’IBSA, l’IWEPS, le département WSE, l’ONSS et le HIVA-KU Leuven
2.3.2 Evolution en nombre de travailleurs
Voici la comparaison entre IDETA, le Hainaut et la Wallonie.
–
La « platitude » des courbes n’inspirent pas l’optimisme. La croissance du nombre de travailleurs en zone IDETA est aussi amorphe qu’en Hainaut et en Wallonie.
2.3.3 Le taux d’emploi
Le taux d’emploi, c’est la comparaison entre le nombre de travailleurs actifs et la population totale active. Par exemple, à Brugelette en 2017 il y avait 1.547 travailleurs pour une population de 2.442 personnes en âge de travailler. Le taux d’emploi est de (1.547/2.442) soit 63,33%.
–
La zone IDETA suit parfaitement l’évolution du Hainaut et de la Wallonie. Quelle est la différence entre sa stratégie de développement économique de celle de la province et de la Wallonie ?
Au niveau de la croissance de l’emploi, nous sommes loin de l’objectif de « développement » économique assigné par les communes fondatrices à l’ IDETA !
3 IDETA – un modèle en question ?
3.1 Le paradoxe du ZI de Ghislenghien
Le ZI de Ghislenghien est un projet phare de l’ IDETA. C’est le plus important de la WAPI . Il attire maintenant 4.500 travailleurs par jour.
Parallèlement à cela et sur une période de 15 ans, il est paradoxal de constater l’absence de croissance de l’emploi dans les communes environnantes !
–
3.2 La prédation
Ce constat nous conduit à penser que le modèle socio-économique des méga zoning n’est probablement pas adapté à notre région.
Si un zoning n’augmente pas l’emploi alors qu’il draine 4.500 travailleurs par jour, c’est qu’il se borne à le concentrer. Les entreprises quittent les villages pour s’y installer en obligeant les travailleurs à s’y rendre journellement.
Cette masse de travailleur concentrée en un point provoque la congestion de nos voiries.
Par exemple, les habitants d’Attre et de Mévergnies en font les frais. Leurs paisibles rues ne sont-elles pas devenues le contournement Sud-Est de Ath ? Chaque matin vers 6h00, une cohorte de navetteurs les traverse pour abreuver le zoning de Ghislenghien en main d’œuvre. (voir notre billet « 46. BRUIT D’ ENFER À ATTRE – LE CRR À LA RESCOUSSE »)
–
Plutôt que de créer de l’emploi, il conduit celui-ci à se concentrer. Ce faisant, il appauvrit les villages et les communes environnantes de leur activité économique.
4 Changer de PARADIGME
PARADIGME : C’est une manière de voir les choses, qui repose sur un courant de pensée.
L’existence de cette note n’est possible que parce que de nouvelles préoccupations naissent chez les citoyens. Elle n’est pas le fruit du hasard ou de la volonté d’une seule personne. Elle est symptomatique d’une évolution des mentalités.
Il devient normal que des citoyens s’interrogent sur l’efficacité des intercommunales à remplir leur mission.
4.1 Définir des objectifs
Le principal handicap de l’ IDETA est probablement la définition même de son objectif le «développement du Hainaut Occidental ». Elle est très floue, que signifie-t-elle vraiment ?
Pour LES COMMUNAUX, c’est favoriser les conditions pour améliorer la richesse économique de l’ensemble des habitants. Cela passe par le développement économique des entreprises situées sur son territoire et qui sont en mesure de créer de la richesse. C’est veiller à ce qu’une fois celle-ci crée, elle puisse rejaillir sur les habitants.
Les communes associées à l’origine de la création de l’ IDETA sont directement concernées par cette définition.
Une population plus riche pourra plus aisément payer l’ IPP (Impôt des Personnes Physiques) qui contribue au bon fonctionnement des communes membres de l’ IDETA. Avec de meilleurs comptes, les communes pourront offrir plus de services aux habitants sans devoir les taxer plus.
De cette définition découle immédiatement, qu’un zoning industriel n’est pas un objectif. C’est un des multiples moyens pour favoriser cet accroissement de richesse de la population.
4.2 L’emploi des KPI
KPI : est un indicateur clé de bons résultats
« Les KPI sont utilisés pour déterminer les facteurs pris en compte pour mesurer les bons résultats d’une action particulière. Ils peuvent donc être utilisés de manière ponctuelle ou de façon permanente pour mesurer les résultats d’un objectif. »
4.3 Améliorer l’emploi local
–
Ce tableau nous enseigne que 61.74% des habitants travaillent en zone IDETA. Les autres 38,26% travaillent en dehors de la zone. Il manque donc 65.476 emplois en zone IDETA pour les employer chez nous.
Grosso modo 10 % des travailleurs résidant en Wallonie picarde (hors Silly et Enghien) sont occupés en Flandre, 10 % à Bruxelles, 11 % en Wallonie hors WAPI et 5 % en France, le reste étant occupé en WAPI.
Une manière d’augmenter le richesse des travailleurs, c’est réduire leur perte de temps dans la navette.
Par exemple, une mère de famille de 2 enfants en bas âge (cas vécu) de Brugelette travaillant à Bruxelles a vu sa qualité de vie exploser en trouvant de l’emploi dans sa commune. Maintenant, le midi elle peut rentrer à la maison et donner elle-même à manger à ses enfants.
Mais pour généraliser ce type d’action, il faut une puissante mécanique pour augmenter l’emploi en entreprise et une synergie avec d’autres organismes pour améliorer de l’employabilité des travailleurs.
4.4 Exemple de KPI proposé
Réduire de 2020 à 2025 l’exportation de main d’œuvre hors zone IDETA de 38,26% à 35%
Une réduction de 3,26% signifie qu’il faut trouver de l’embauche pour 2.134 travailleurs. Nous pouvons être plus ambitieux, mais commençons par un premier pas.
Voici quelques moyens pour mettre ce KPI en œuvre :
1) Attirer des entreprises qui grâce à leur activité naturelle nécessite de la main d’œuvre.
2) Rechercher des entreprises dont le business model ne pourra pas être mis à mal par des importations en provenance de pays à bas salaires.
3) Favoriser le développement économique de l’artisanat répondant au point précédent.
4) Favoriser, soutenir l’émergence des circuits courts entre les producteurs et les consommateurs.
5) Relocaliser des entreprises à proximité des villages pour que le différentiel de salaire avec Bruxelles soit à l’avantage de l’entreprise locale.
6) Etc…
4.5 Un moyen peut devenir lui-même un KPI
Le point 3) « Favoriser le développement économique de l’artisanat répondant au point précédent »
a) Rechercher des lieux (à bas coût) permettant à des artisans de s’installer plutôt que continuer à travailler dans leur garage.
b) Conclure un partenariat avec les Compagnons du Devoir pour mettre en place un lieu de travail partagé entre différents artisans
c) Faire l’inventaire de tous les marchés artisanaux et des artisans qui y participent pour proposer « un bureau d’écoute » destiné à les renseigner et les aider dans leur développement.
d) Collaborer avec les communes pour sélectionner des bons équipements pour les marchés hebdomadaires.
e) Etc…
5 Conclusions
Les COMMUNAUX demandent:
– De réduire la cotisation de Brugelette (elle est de 25.117,49€ -2019- alors qu’elle était de 9.428,94€ -2016) voire de la supprimer. Ce billet est un éclairage de notre courrier du 05-10-2019 à l’ IDETA.
– Un changement de PARADIGME à l’ IDETA pour se concentrer sur ce qu’une commune attend d’elle : favoriser les conditions pour améliorer la richesse économique de l’ensemble des habitants. Cela passe par le développement économique des entreprises situées sur son territoire et qui sont en mesure de créer de la richesse. C’est veiller à ce qu’une fois celle-ci crée, elle puisse rejaillir sur les habitants.
– Réduire de 2020 à 2025 le nombre de navetteurs de 38,24% à 35%, soit augmenter l’emploi pour 2.134 travailleurs sur cette période.
Michel NIEZEN
Conseiller communal à Brugelette.
Le présent billet a été rédigé grâce aux informations aimablement obtenues auprès des services de veille, d’analyse et de prospective du marché de l’emploi du Forem.
–
6 ANNEXE
La présente analyse ne peux forcement pas couvrir tous les aspects du développement économique. Rappelons que nous l’observons du point-de-vue de l’emploi.
6.1 Neutralisation de la variation des populations.
Pour rendre les graphiques comparables entre les communes, il est nécessaire de neutraliser l’évolution du nombre d’habitants de 2003 à 2017. Les variations peuvent être importantes. Par exemple, de 2003 à 2018, la population d’ Enghien a augmenté de 27% alors que Brugelette n’a progressé que de 10%.
La comparaison de la répartition par classe d’âge des travailleurs de 2003 avec celle de 2017 est très instructive. La politique du maintien des travailleurs de plus de 50 ans au travail est perceptible. C’est le fruit de la politique du gouvernement plutôt que celle de l’ IDETA.
–
Le nombre de demandeurs d’emploi chez les travailleurs de plus de 50 ans a également augmenté. Pour les autres classes d’âges, les demandeurs d’emploi ont diminué.
–
En revanche, le graphique des sans profession est plus complexe à interpréter. De 15 à 39 ans les sans profession ont progressé alors que de 40 à 59 ils ont régresser. La mise au travail des aînés aurait-elle ralenti l’entrée des jeunes dans le monde du travail ? A moins que ce soit la formation des jeunes ou/et leur attitude face au travail qui les pénalisent pour être acceptés par les entreprises ?
6.2 L’analyse « point départ zéro ».
Elle est à utiliser avec précaution. Comment interpréter les deux graphique qui comparent la zone IDETA avec le Hainaut et la Wallonie ?
–
La première donne l’impression que la politique de l’ IDETA est plus performante que celle du Hainaut. En réalité, la différence provient simplement du fait qu’en 2003, le niveau de l’une était déjà supérieur à l’autre.-
L’analyse « point départ zéro » est utile pour mettre en évidence les épiphénomènes. Nous remarquons aisément l’impact de la crise boursière de 2008. Elle a fait perdre 5 années de maigre croissance à l’ensemble de la Wallonie.