Le paisible chemin de Ghislenghien (N525) qui traverse Attre et Mévergnies subi depuis quelques décennies une circulation croissante. Elle culmine actuellement à 150.000 véhicules/mois. Depuis quelques mois, grâce au CRR, un timide silence a fait son retour sur un tronçon de 276 m dans Attre. Comment et pourquoi ?
1. N525 – 150.000 véhicules/mois
Selon le Service technique de Brugelette qui a fait appel au CRR (Centre de Recherches Routières), les comptages révèlent un trafic de 150.000 véhicules par mois sur l’avenue St Martin à Attre et la rue Blanche à Mévergnies.
Il y a deux ans, la commune a dû réparer d’urgence des dalles défectueuses sur la N525 un peu avant le lieu-dit LE PATARD. En conséquence, le budget d’entretien des voiries communales a été épuisé. Il n’y avait plus de budget pour l’entretien des autres routes communales.
2. N525 – dommages aux habitations
Le bruit n’est pas la seule nuisance qui provoque du stress chez les habitants. D’autres nuisances se manifestent par des fissures dans les façades et aux appuis de fenêtre en pierre bleue. Également, un studio d’enregistrements se plaint de ne pouvoir travailler correctement. Les vibrations de la route perturbent ses enregistrements.
3. N525 et le CRR
3.1 N525 – Les Travaux font appel au CRR
Sur proposition de l’Agent technique en chef, la commune a conclu un contrat d’étude avec le CRR. La consultance est gratuite, en revanche les essais sur place sont payants.
Le but est de remédier aux nuisances, que subissent les riverains.
3.2 N525 – L’explication du CRR
« Les routes en béton se dégradent après plusieurs années de service. Différentes solutions peuvent être appliquées pour les remettre en état. Lorsque les défauts concernent uniquement le béton et la couche sur laquelle il repose, il est possible d’intervenir sans devoir tout remplacer.»
Le sol se creuse au niveau du joint, qui se remplit d’eau. Lors du fléchissement des dalles au passage d’un véhicule, l’eau est chassée vers le haut. Elle emporte chaque fois un peu de terre. Le mouvement des dalles s’accentue et provoque des vibrations qui se propagent aux maisons. Si le battement est raisonnable, il est alors encore possible de stabiliser les dalles existantes sans devoir intervenir sur l’ensemble de la structure.
« Lorsqu’il s’agit de stabiliser une route en dalles de béton, une des solutions utilisées principalement sont les injections. » nous écrit le CRR.
3.2.1 CRR – La technique de l’injection
« La stabilisation de dalles béton peut s’effectuer par le moyen d’injections de coulis de ciment ou de résines. Pour cela, il faut que les problèmes de stabilité des matériaux de fondation sur lesquels elles s’appuient ne soient pas structurels.»
3.2.2 CRR – Différents types d’injections
«1. Coulis de ciment: Son utilisation ne constitue aucun danger. Sa résistance et sa fluidité permettent de l’utiliser dans un grand nombre de situations. Par contre, ce mélange a une influence directe sur la force verticale disponible pour repositionner les dalles. Il ne s’applique pas lorsque les vides sont de l’ordre de quelques millimètres. Dans ces cas-là, l’application de résines est nécessaire.
2. Résines époxy: Elles ont une viscosité et une fluidité proche de celle des huiles leur permettant une pénétration profonde malgré l’existence d’espacements très réduits. Elles présentent l’avantage d’une prise beaucoup plus rapide que celle des coulis de ciment.
3. Matériaux bitumineux: Ils sont dangereux et peu efficaces. Ces matériaux ont la particularité de refroidir rapidement après avoir parcouru quelques centimètres et de créer des points durs autour de cavités. Les trous ainsi formés vont être à l’origine de nouvelles fractures du béton. »
4. CRR – Le chantier de réparation
4.1 Les mesures du CRR
4.1.1 Le Faultimètre
Le faultimètre (d’une expression anglaise qui signifie battement des dalles) permet de mesurer les mouvements verticaux des extrémités des dalles lors du passage d’un véhicule.
Il mesure le déplacement verticale avant et après le joint entre deux plaques de béton. Lorsque la valeur du battement est égale ou supérieure à 0,7 mm, la chaussée doit être réhabilitée . Lorsque la valeur est égale ou supérieure à 0,5, l’intervention est nécessaire si des dégradations complémentaires au mouvement des dalles sont constatés.»
4.1.2 Qu’en est-il à Attre ?
Les mesures datent du 3 mars 2017. Voici quelques relevés.
Le résultat graphique de l’ensemble des mesures nous montre que l’amplitude de certains battements est affolant. Les riverains ont vraiment raison de se plaindre.
4.3 CRR – L’appel d’offre
4.3.1 Le coût de la rénovation
A la suite de ces résultats et sur proposition du service technique auprès du Collège, le Conseil communal accepte de lancer un marché de restauration de l’avenue St Martin sur 276 m auprès de divers entrepreneurs.
Comme une seule entreprise s’est présentée, elle a obtenu la commande le 20-11-2018 pour un montant de 78.778,26€. Le chantier étant repris dans le PIC (Plan d’Investissement Communal), la part communale s’élève à 50% (39.389,15€), le reste est subsidié par la Région wallonne.
4.3.2 Comparaison avec le remplacement
Rénovation : 78.778,26 € sur un tronçon de 1650 m² soit un prix de 47,74 €/m²
Remplacement: Les travaux de remplacement des dalles sur la N525 près du PATARD ont coûté 57.000 € pour une surface de 430 m² soit un prix de 132,50 €/m²
La rénovation est largement moins coûteuse que le remplacement.
4.4 CRR – Les travaux
4.4.1 Réalisation des trous d’injections
Le but est d’injecter la masse à refus pour rattraper les différences entres dalles. Pour cela, l’entreprise fore des trous en y injectant de la matière de colmatage. En fonction de la différence de niveau entre les plaques de béton, le technicien met la matière sous pression. Cela permet une correction de planéité.
4.4.2 Le goujonage des plaques
Des trais profonds de scie sont effectués pour insérer des tiges métalliques. Elles assurent la liaison entre les plaques de béton. Ensuite, les traits sont remplis d’une matière à solidification rapide.
4.4.3 Le meulage de la zone
La zone est meulée pour réduire au mieux les différences de niveaux.
4.4.4 La fermeture des joints
Ensuite, l’entreprise coule une masse bitumineuse pour refermer les joints entre les dalles et assurer au mieux l’étanchéité.
4.5 CRR – Le résultat est probant
La plupart des riverains s’accordent à dire que le bruit et les vibrations sont nettement moins importants qu’avant. La circulation sur la voirie restaurée est plus agréable pour les cyclistes. Le confort sur les tronçons non traités de la N525 est nettement moins bon.
5. ORENTIS – cause probable
Depuis l’implantation du zoning ORIENTIS à Ghislenghien, la N525 Chemin de Ghislenghien connait une croissance régulière de son trafic routier. Elle est devenue une voie de communication entre Beloeil et Lessines en passant par Chièvres.
Les phases 1 et 2 du zoning sont presque achevées. Bientôt, la phase 3 (côté Gibecq) sera opérationnelle. Cela ne fera qu’augmenter les nuisances pour les deux villages de Brugelette. Selon le Service technique les pics de circulation se manifestent principalement à 6h00 et à 14h00. Ces heures correspondent aux changements de pose dans le zoning ORIENTIS.
La « N525 – avenue St Martin, rue Blanche, chemin de Ghislenghien » est entièrement à charge de Brugelette alors que le trafic routier relève principalement des entités avoisinantes. Par ailleurs depuis quelques années, cette route apparaît de plus en plus comme le ring sud de la ville d’Ath. Tout ceci ne fait qu’accélérer la destruction de cette route qui alimente le zoning ORIENTIS-Ghislenghien.
LES COMMUNAUX regrettent que la commune soit laissée pour compte. Elle n’est nullement responsable d’un trafic de 150.000 véhicules par mois. Pourtant, il lui incombe seule de trouver des solutions pour soulager la peine des riverains.
Ce projet réussi de réduction des nuisances à l’avenue St Martin confirme la grande utilité d’avoir des fonctionnaires motivés par leur travail. Etre conscient de son rôle dans la commune est indispensable.
Conseiller communal à Brugelette