Gages, un des cinq villages de la commune de Brugelette, mérite d’être mieux connu.
Cette première partie relate l’histoire du village et de son château.
1 Gages – L’origine de son nom
L’hypothèse la plus vraisemblable sur l’étymologie du nom du village est qu’il provient du bas-latin « gagium », signifiant « bois ».
2 Déjà citée au XIème siècle
Sur Brugelette, le village de Gages est déjà cité au 11ème siècle.
Gages est un village essentiellement agricole qui au Moyen Âge était un fief relevant de la terre du Roeulx.
2.1 Les premiers seigneurs de Gages
Les origines des seigneurs de Gages sont obscures. Ils semblent avoir été liés à la famille de Chièvres. Tout ce qui a été écrit à leur sujet est très incertain et à revoir. C’est à Thierry, seigneur de Gages (?), cité à la fin du 11e siècle, ou à Nicolas, seigneur de Gages, cité en 1152-1153 que l’on doit peut-être la construction du château féodal appelé le « block-huyse » (maison-forte), sur lequel on ne possède que peu d’informations et dont on n’a aucune représentation.
A Gages, se trouve en activité la ferme de José et Rita Loyens appelée Ferme du Blocus, à l’emplacement de ce château féodal, dont elle conserve assurément le nom (d’ailleurs, au 16e siècle, elle était aussi appelée « Vieux château ». Mais la ferme est sise à l’emplacement de ce qui devait être le manoir résidentiel : le donjon devait se trouver dans la prairie adjacente, à l’emplacement d’une « motte » encore visible.
C’est dans la famille des seigneurs résidant au « Blocus » que naquit saint Sybille.
2.2 Gérard de Gages démembre la seigneurie (1333)
En 1333, Gérard de Gages, descendant de la famille des seigneurs de Gages vendit la moitié de son fief à Ernoul de Gavre ; elle passa ensuite à divers possesseurs, dont le fameux Nicolas Rolin, chancelier de Philippe le Bon, puis aux comtes de Berlaymont.
3 Gages – La vente du fief
3.1 La première partie du fief
3.1.1 Arnould de Gavre
La première partie fut vendue à Ernoul (Arnould) de Gavre, y compris le manoir ancestral, le donjon et la basse-cour y attenant. Il n’existe plus rien de nos jours de ce que fut le château des sires de Gages de la première lignée.
3.1.2 Les comtes de Berlaymont
À la suite de divers mariages et successions, Gages finit par aboutir dans le patrimoine des comtes de Berlaymont.
Ceux-ci étaient à l’origine sires de Chin, avant d’étendre leur emprise en dehors du Hainaut, notamment dans la principauté de Liège. Au 16e siècle, Marie de Berlaymont semble avoir habité le château de Gages. À cette époque, le village comptait 56 foyers fiscaux, ce qui correspond à environ 250 habitants.
3.2 La seconde partie de la vente du fief
3.2.1 Les Hennin de Boussu
La seconde partie, sans doute détenue quelque temps encore par les Gages, fut vendue (?) en 1420 aux Hennin de Boussu.
Elle aboutit par la suite, en 1541, dans les biens des de Neghere.
3.2.2 La famille du Mont ou Dumont
En 1588, Marie de la Houssière, héritière de la seigneurie principale de Gages, épousa Thierry du Mont, seigneur de Rampemont. La seigneurie de Gages passa donc dans cette famille du Mont de Rampemont, appelée désormais du Mont de Gages.
1. Jean Bonaventure Thierry du Mont de Gages
Jean du Mont, né en 1682, lieutenant-général des Gardes wallonnes, au service de l’Espagne, est le frère cadet de Charles-Antoine du Mont, seigneur de Gages et Ghislenghien. Le roi d’Espagne Ferdinand VI le nomme en 1745 comte de Gages et lui décerne la Toison d’Or.
Le roi d’Espagne Charles III fit élever à ses frais un superbe mémorial en marbre qui existe toujours à Pampelune capital de la Navarre.
En 1749, Jean du Mont est nommé vice-roi de Navarre par le même Ferdinand VI (1). Mort en 1753 sans enfants, il lègue sa fortune à son neveu François-Bonaventure, fils de Charles-Antoine. (1) non mentionné dans la liste des titulaires repris dans Wikipédia.
Il existe toujours à Mons, un hôtel particulier qui lui appartenait. Celui-ci abrite actuellement notamment le bureau du bourgmestre.
2. François Bonaventure Joseph du Mont, marquis de Gages, neveu de Jean Bonaventure du mont, comte de Gages
Né le 13 octobre 1739, à Mons et mort le 20 janvier 1787, à Bachant . Figure majeure de la franc-maçonnerie dans nos régions et Fondateur de la Grande Loge Provinciale des Pays-Bas autrichiens. Il devient également grand-maître de la confrérie de Saint-Jean-Décollé, dont la mission est d’assister les prisonniers et les condamnés à mort. Cela montre qu’à cette époque, l’appartenance à la maçonnerie n’était pas incompatible avec la fidélité envers l’Église catholique.
Il hérite, mineur d’âge encore, d’une fortune colossale que lui laissent son oncle (1753), Jean Bonaventure Thierry du Mont, comte de Gages et son père (1757), seigneur d’Aulnois, de Bachant, de Gages et de Ghislenghien.
En décembre 1758, il obtient de l’impératrice et reine Marie-Thérèse le titre de marquis, reporté sur la seigneurie de Gages, ce qui a un coût assez exorbitant : plus de 7 000 florins !
En 1784 enfin, il obtient, contre 1 000 florins d’Allemagne, les lettres patentes qui lui permettent d’entourer d’un manteau de gueules fourré d’hermines et de timbrer d’un bonnet ducal son blason qui porte « de gueules au chevron d’or, accompagné de trois trèfles d’argent, posés deux en chef et un en pointe ».
3. Justine-Waudru du Mont, marquise de Gages
Gages passa à sa petite-fille, Justine-Waudru du Mont, marquise de Gages, qui avait épousé le marquis François-Marie d’Evora issu d’une famille d’origine portugaise marranes* (juive), dont le patronyme entier était Rodriguez d’Evora y Vega, né en 1790 à Gand et décédé en 1840 à Mons. De ce mariage naquirent trois filles dont Adelaïde.
4 Gages – L’arrivée des de Lichtervelde
Adélaïde (1816-1886) convola avec le comte Alfred de Lichtervelde (1813-1880) en octobre 1840. C’est ainsi que la famille Lichtervelde – une des plus anciennes de la noblesse belge – fit son entrée dans l’histoire de Gages.
Le village de Lichtervelde se trouve en Flandre Occidentale.
Ici représenté avec son château sur un ancien plan du village au Moyen-Âge.
4.1 La Famille de Lichtervelde porte blason et devise
Le blason : D’azur au chef d’hermine avec comme support deux cerf au naturel
La devise : Tres in uno pro Rege (Trois en un pour le roi)
De l’union d’Adélaïde et d’Alfred naquit un fils du prénom de Gaston. Lorsque Gaston fut lui-même père, il donna à nouveau le prénom d’Alfred à son fils en souvenir de son aïeul.
Ce fils devint mayeur de Gages. Son frère John vécut au château de Baudemont,(château qui se trouve sur la commune d’Ittre) et fut déporter et mourut en Allemagne comme membre de l’armée secret belge.
4.2 L’intermède de l’entrepreneur courtraisien Van de Kerchove
François de Lichtervelde, fils d’Alfred, remanie complètement le château en 1970 pour lui donner l’aspect d’une demeure néo-classique adaptée au 20e siècle. Le château perdit ses pignons crénelés. Il perdit aussi l’aile de chambrées qui reliait le logis aux annexes. Le château dessinait un Uavant la transformation.
Quelque peu avant sa mort, il vend en 1984 le domaine de 150 hectares à l’entrepreneur courtraisien Arthur Van de Kerchove. Celui-ci était un excellent restaurateur de monuments anciens, dont l’un des plus grands chantiers fut la cathédrale Sainte-Gudule de Bruxelles. Il avait par ailleurs rassemblé au château une grande collection de calèches ainsi qu’une collection d’art contemporain.
Il y vécut environ 25 ans avant de le revendre en indivision aux familles Carton, Hayois et Vandeputte, 3 grandes familles de fermiers brugelettois.
4.3 Le retour des de Lichtervelde
Les terres du domaine ainsi que quelques bâtisses seront conservées par ces familles ; quant au château il sera revendu au comte et à la comtesse Ferdinand de Lichtervelde actuels propriétaires des lieux. Ferdinand de Lichtervelde appartient à la même famille que les de Lichtervelde présents à Gages depuis 1840, mais à une autre branche.
5 Quelques vues du château
Avant le remaniement de 1970 par François de Lichtervelde. Le château était en forme de H.
Une carte postale du 16 décembre 1900 signée par B de L
Après le remaniement de 1970 par François de Lichtervelde et toujours en l’état actuel.
Le château est en forme de I et non plus en forme de H
La bonne gestion d’une commune, c’est aussi s’intéresser à son histoire et aux évènements d’hier et d’aujourd’hui. Je vous donne rendez-vous bientôt pour la seconde partie
Jean-Philippe Baudart
Membre des COMMUNAUX
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