6GW[1] pour le Hainaut est-il nécessaire ? Un périmètre de réservation de 200m sur 84,8 km est-il aussi nécessaire ? Les justifications ressemblent à un évangile apocryphe vendant une histoire merveilleuse.
1 – 6GW – Etude du dossier « Boucle du Hainaut – étude de base »
L’examen du dossier de base l’entreprise privée partiellement à capitaux public Elia suscite de nombreuses interrogations. La demande de réservation d’un corridor de 200 m de large sur une longueur de 84,8 km suscite des interrogations. Elles sont amplifiées par les réactions inquiètes et mécontentes des habitants des 14 communes concernées, soit +/- 364.000 habitants.
–
Ces communes sont Mont de l’Enclus, Celles, Frasnes-les-Anvaing, Leuze-en-Hainaut, Ath, Chièvres, Brugelette, Lens, Soignies, Braine-le-Comte, Ecaussinnes, Seneffe, Pont-à-Celles et Courcelles.
2 – 6GW – Mieux connaitre la structure d’ELIA
2.1 – 6GW – Qui sont les actionnaires d’ELIA ?
2.1.1 PUBLI-T – 40,82%
–
Publi-T réunit les participations des communes belges dans l’énergie. L’intercommunale SOCOFE détient 27,7% de son capital. La SOCOFE est significativement composé d’intercommunales wallonne. Depuis fin 2019, son actionnariat couvre toutes les provinces wallonnes. Des partenaires financiers et institutionnels sont également associés au capital.
2.1.2 Katoen Natie Groep – 6,16%
–
Katoen Natie a été fondée en 1854 par quatre associés actifs. Sa première activité consistait à importer du coton. Le navire était déchargé dans le port par le capitaine et l’équipage. Aujourd’hui, Katoen Natie est un fournisseur mondial de solutions logistiques et d’ingénierie appliquée à valeur ajoutée.
2.1.3 Publipart (Province de Liège) – 3,32%
–
Publipart est un holding semi-public présente dans Elia, SN Airholding, le fonds d’investissement Kebekk II et d’autres fonds de placement, dans Dexia et Fluxys. L’actionnaire principal de Publipart est Publilec qui détient 2/3 des parts. Les actionnaires sont Publifin (59%) et la ville de Gand (12%), par Belfius Banque, Socofe et le holding flamand de l’énergie.
2.1.4 Interfin – 3,78%
Interfin est une Intercommunale pure créée et contrôlée par les 19 communes de la Région de Bruxelles-Capitale. Elle a pour objet, notamment, la coordination de l’action des communes bruxelloises au sein de Sibelga, le gestionnaire des réseaux de distribution de gaz et d’électricité, et l’utilisation rationnelle de l’électricité, du gaz et de la chaleur sous toutes ses formes.
2.1.5 Belfius insurance – 1,04%
« Vous ne le voyez pas toujours, mais Belfius est bien plus présente dans votre vie que vous ne l’imaginez. Dans les centres de soins, les casernes de pompiers, et les champs d’éoliennes. Dans les start-ups, les écoles, ou encore le long des routes que vous empruntez.
Cette expertise unique et notre large réseau participent à l’amélioration de votre cadre de vie. 100% des communes, 90% des hôpitaux et 25% des maisons de repos privées sont clients. »
Le reste est aux mains de petits porteurs pour un total de 40,82% du capital total
2.2 Le rachat de l’entreprise allemande 50hertz
Récemment, ces actionnaires ne se sont pas opposés à l’investissement d’ELIA de 1 milliard d’euro pour racheter à 80% l’entreprise allemande 50hertz. C’est un transporteur d’énergie comme ELIA. Il dispose du monopole de la haute tension sur tout le territoire de l’ancienne Allemagne de l’Est.
2.3 Les obligations morales des entreprises à finalité publique.
Dans ce dossier, il serait malheureux d’opposer les intérêts de PUBLI-T, de Province de Liège, des communes bruxelloises (Interfin) et de Belfius Insurance aux intérêts des habitants de nos 14 communes.
Dans notre régime démocratique, les entreprises privée à finalité publiques belges n’ont-elles pas une finalité similaire aux communes. Ne doivent-elles pas également faire preuve d’empathie vis à vis de ceux qui sont à la base même de leur pouvoir : les citoyens ! Tout ne se résume pas à des investissements, des considérations d’ingénieurs, des flux électriques … .
Une entreprise privée créée grâce aux deniers publiques et bénéficiant des avantages qui en découlent n’a-t-elle pas l’obligation morale de respecter la qualité de vie des habitants du Royaume ?
3 – 6GW –Trente questions sur le dossier Elia
Le but est de montrer que le dossier de base de la Boucle du Hainaut suscite bien des interrogations qui mettent sa crédibilité et son objectivité en doute . Pour éviter des longueurs, nous nous limitons à trente questions.
3.1 – 6GW – Questions relatives aux lignes et aux connexions
3.1.1 Document « Technologies étudiées » – page 43
En matière distance minimale, le texte précise « À l’heure actuelle, le RGIE ne contient encore aucune réglementation relative aux lignes HVDC. Des discussions avec les instances compétentes sont donc nécessaires pour établir les frontières extérieures des zones de voisinage et des distances minimales. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes principalement basés sur la publication TB388 du Cigré, ainsi que sur des expériences vécues par d’autres gestionnaires de réseaux européens et sur l’extrapolation des distances mentionnées dans le RGIE pour les installations AC. »
Question 1 :
Tant pour les lignes HVDC que pour les lignes HVAC, le document ne donne que très peu d’éléments sur les frontières extérieures des zones de voisinage et des distances minimales.
D’un point de vue urbanistique, quelles sont les distances minimales à laquelle une maison d’habitation pourrait être construite sans que les habitants ne puissent ressentir les effets de la présence d’une ligne HVAC 380 kV ou HVDC 500 kV. Ceci tant au niveau sonore, rayonnement électromagnétiques, différence de potentiel par mètre … ?
Cette information est utile pour les membres d’une CCATM[2], qui doivent émettre un avis sur les demandes de permis de bâtir.
3.1.2 Document « Résumé non technique » – page 14
Le texte précise pour les câbles AC et DC « … il n’est aussi plus possible de construire des bâtiments, d’empiler des matériaux ou de réaliser certaines activités agricoles, et ce, sur une largeur de 20, 5 et 6 mètres »
Question 2 :
A quoi correspond les largeurs de 20, 5 et 6 mètres ?
Question 3 :
Quelles seraient les activités agricoles qui ne seraient plus autorisées ?
3.1.3 Document « Analyse technique » – page 67
Le texte précise pour le courant AC « Si plusieurs repiquages sont nécessaires, nous souhaitons les sécuriser séparément afin de limiter les conséquences d’un défaut éventuel. »
Question 4 :
Combien de repiquages sont prévus sur les 84,8 km de ligne HVAC 380 kV depuis Avelgem jusque Courcelles ?
3.2 – 6GW – Questions relatives aux nuisances sonores
3.2.1 Document « Impact sur l’environnement et les alentours » – page 97
Pour les lignes aériennes, le texte précise « Ainsi, si une ligne à haute tension est réalisée avec le type de conducteur 4×707 AMS-2Z de 32,4 mm de diamètre, le niveau sonore est de 45 dB(A), ce qui est nettement inférieur au niveau légal de 53 dB(A), conformément à la norme belge NNA EN50341 « Overhead electrical lines exceeding AC 1 kV » (2012). »
Question 5 :
Le niveau sonore de 45 dB(A) de conducteur 4×707 AMS-2Z est donné par temps humide. Quel est le niveau sonore du conducteur 4×707 AMS-2Z par temps sec ?
Question 6 :
Pourquoi choisir le conducteur 4×707 AMS-2Z ? Le conducteur 4×707 AMS-3Z ne produirait-il pas un niveau sonore moins élevé ?
3.2.2 Document « Impact sur l’environnement et les alentours » – page 97
Le texte précise pour le câble AC enterré « Lorsqu’on installe un grand nombre de réacteurs shunt sur un même site, le problème du bruit ne doit pas être sous-estimé. Étant donné sa construction, un réacteur shunt présente une puissance acoustique supérieure de 10 dB par rapport à celle d’un transformateur de capacité équivalente, à savoir environ 90 dB(A) pour un réacteur shunt de 130 Mvar
… .
Enfin, les filtres génèrent également du bruit. Ce bruit dépend des circonstances, mais il peut atteindre 90 dB(A), voire même 100 dB(A).
Un certain nombre de mesures sont possibles en vue d’atténuer ce bruit, comme des écrans antibruit, mais elles ont leurs limites. Les postes terminaux et intermédiaires ne sont donc pas adaptés aux zones soumises à des normes sonores strictes. »
Question 7 :
Les filtres et les shunt peuvent-il coexister en un même emplacement ?
Question 8 :
Si oui, quel est le bruit résultant de la présence simultanée de filtres de 100 dB(A) et de réacteur shunt 90 dB(A) ?
Question 9 :
Quelles sont les zones soumises à des normes sonores strictes ?
3.2.3 Document « Impact sur l’environnement et les alentours » – page 98
Au sujet du courant DC, le texte précise pour les stations de conversion « Une station de conversion DC comporte deux importantes sources sonores :
-
- Transformateurs : …
- Installations de refroidissement : …
… Les stations de conversion ne sont par conséquent pas adaptées aux zones soumises à des normes sonores strictes. »
Question 10 :
Le texte ne donne aucune valeur dB(A). Quel est la valeur dB(A) totale pour un poste de conversion pour une ligne 500 kV ?
Question 11 :
Quelles sont les zones soumises à des normes sonores strictes ?
3.2.4 Document « Impact sur l’environnement et les alentours » – page 98
Au sujet des lignes aérienne DC, le texte précise « Le bruit doit être vérifié et mesuré dans deux conditions météorologiques :
-
- Par temps humide : max. 53 dB(A) à 20 m du conducteur le plus
- Par temps sec : max. 40 dB(A) à 2 m au-dessus du sol dans les zones habitées. »
Question 12 :
Pourquoi par temps sec on ne mesure qu’à 2 m au-dessus du sol. Alors que par temps humide on mesure à 20 m du conducteur le plus proche ? En quoi la comparaison entre ces deux mesures est-elle possible ?
3.3 – 6GW – Questions relatives aux pylônes
3.3.1 Document « Résumé non technique » – page 14
Le texte précise pour les pylônes aériens « … Il est même possible de construire à condition que les pylônes soient suffisamment élevés . … »
Question 13:
Quel est la hauteur minimale des pylônes pour construire ? Et quels sont les types de construction qui pourraient être autorisés ?
3.3.2 Document « Impact sur l’environnement et les alentours » – page 99
Le texte suivant demande des précisions « Avec les pylônes et leurs conducteurs associés présentés au chapitre 8.2.2.2, la limite de 40 dB(A) est atteinte à 30 m de l’axe de la ligne aérienne. Cela signifie qu’aucune zone résidentielle n’est autorisée dans un corridor de 60 m. »
Question 14 :
A la page 97, nous lisons « le niveau sonore est de 45 dB(A), ce qui est nettement inférieur au niveau légal de 53 dB(A) », or le texte fait référence à une valeur de 40 dB(A) à 30m.
A quelle distance la valeur de 45 dB(A) est-elle mesurée et à quelle distance la limité légale de 53 dB(A) doit-elle être mesurée ?
Question 15 :
la valeur de 60 m doit-elle bien se comprendre comme 30 m de part et d’autre du pylônes. Le bruit ne commence pas à l’axe du pylône, mais à l’axe du câble porté par le pylône (le terne). Ne faut-il pas tenir compte de l’inter distance entre les ternes des extrémités du pylône? Ne faut-il pas l’ajouter à la largeur du corridor ?
3.3.3 Document « Technologies étudiées » – page 30
Le texte précise pour les pylônes « À l’occasion du projet Stevin, un pylône compact a également été réalisé pour la première fois en Belgique. Comparé au pylône 380 kV classique, celui-ci est considérablement plus petit et possède approximativement la circonférence d’un pylône 150 kV classique. »
Question 16 :
L’emploi du modèle Stevin est-il prévu également pour le projet de la Boucle du Hainaut ?
3.4 – 6GW – Questions relatives aux éoliennes en mer
3.4.1 Document « Dossier de base suivant art D.II.44. du CoDT » – page 39
Les schémas mentionnent des puissance des champs éoliens MOG, NEMO, potentiel onshore et production locale.
Question 17 :
Combien d’éoliennes équipent chacun des champs MOG (I et II), Nemo et potentiel onshore
Question 18 :
A quoi correspond la « production locale » ? Combien d’éoliennes cela peut-il représenter ?
Question 19 :
Parmi toutes ces éoliennes combien sont-elles typiquement belges. Dans le cas où certains champs sont des propriétés collectives avec des entités émanent d’autres pays, nous demandons de connaître la proportion en fonction du capital détenu par les entités belges.
3.5 – 6GW – Question relative au développement économique
3.5.1 Document « Dossier de base suivant art D.II.44. du CoDT » – page 39
Le texte précise les intentions du gouvernement wallon comme suit « … mais aussi et surtout de soutenir le développement économique de la province du Hainaut ».
Question 20 :
Quelle est la quantité d’énergie transitant dans la Boucle du Hainaut spécifiquement prévue pour le développement économique de la province de Hainaut ? La réponse à cette question suppose qu’Elia Asset se soit renseigné sur les besoins en énergie des différents zonings industriels du Hainaut et qu’elle se soit rapprochée des Intercommunales de développement économique pour connaître leur estimation des besoins futurs en fonction du remplissage prévu des zonings industriels.
Question 21 :
Quelle est la part de la quantité d’énergie transitant dans la Boucle du Hainaut prévu pour la Wallonie ? Plus spécifiquement, quels seraient les besoins exprimés par le BEP[3] et IDELUX[4]
Question 22 :
Quelle est la part prévue pour alimenter le marché allemand à partir de la liaison offshore en provenance des champs éoliens de la Grande Bretagne ? Plus spécifiquement, quelle est la part qu’Elia Assets souhaite apporter à sa filiale allemande 50hertz Gmbh? Cette entreprise couvre le territoire de l’ancienne RDA (Allemagne de l’Est).
Commentaire du 02-01-2021 suite à une remarque sur Facebook: La question 22 ne rentre pas dans le détail de l’actionnariat de 50Hertz. Pour ceux que cela intéressent voici le détail:
–
3.6 – 6GW – Question relative aux critères
3.6.1 Document « Critère d’évaluation » – page 50
Comme second critère d’opportunité, le texte précise « Une deuxième opportunité est la fourniture de puissance réactive. Le futur réseau à haute tension aura en effet de plus en plus besoin d’installations capables d’injecter et d’absorber de la puissance réactive. La capacité d’une technologie à fournir de la puissance réactive constitue un avantage pour la stabilité du réseau électrique. »
Question 23 :
A la page 63 du document « Analyse technique » nous pouvons lire « Le concept d’énergie réactive n’existe pas en courant continu et la technologie DC sélectionnée n’a aucune influence du côté AC des convertisseurs».
Cela veut dire qu’il n’est pas nécessaire de disposer d’une technologie pouvant fournir de la puissance réactive. C’est un problème spécifique aux liaisons AC enterrées. Dans les critères d’évaluation, cette qualité du DC enterré ne semble pas être prise en considération. Y-a-t-il une raison à cela ?
3.7 – 6GW – Question relative à l’électromagnétisme
3.7.1 Document « Impact sur l’environnement et les alentours » – page 102
Concernant le champ magnétique, le texte précise pour la technologie DC «Seul un champ magnétique continu, comparable au champ magnétique terrestre, est généré. » Le champ magnétique terrestre n’est pas nocif pour l’être humain puisque c’est son environnement naturel. Cette phrase alambiquée veut simplement dire que le courant continu n’est pas nocif.
Les populations des 14 communes concernées par l’enquête publique se sentent hyper concernées par l’impact électromagnétique des lignes THT[5] 380 kV.
Ce que l’on sait c’est qu’une ligne enterrée THT en courant alternatif AC est plus dangereuse lorsque on marche juste au-dessus de la ligne. Elle est moins dangereuse quand elle est en aérien. Mais quel est le niveau de cette dangerosité ?
L’image ci-dessous concerne le courant alternatif AC et pas le courant continu DC.
Question 24 :
Connaissant donc l’hyper sensibilité des populations sur le thème de l’électromagnétisme, pourquoi l’entreprise ne dit pas clairement que la question de l’électromagnétisme concerne uniquement le courant AC et pas celui du DC.
Question 25 :
En faisant clairement circuler cette information, ELIA ne craint-elle pas que les autorités politiques sensibles à l’émoi de la population réclament que l’investissement soit fait en HVDC 500 kV plutôt que HVAC 380 kV ?
3.8 – 6GW – Réflexion sur les technologies
3.8.1 Les technologies compétitives
Le dossier de base et son étude technologique met en évidence 4 technologies susceptibles d’entrer en compétition.
|
AC |
DC |
Aérien | Câble | Câble |
Enterré | Câble avec gaine | Câble avec gaine – VSC |
Les autres technologies GIL et supraconducteur posent trop de problèmes techniques. Elles ne sont pas encore mures pour un chantier comme celui de la Boucle du Hainaut. Également le câble enterré DC (courant continu) avec station de conversion type LVC ne peut pas être pris en considération pour le projet en question. Le LVC conduit à des difficultés techniques trop importantes. L’analyse du dossier nous amène à conclure que seule deux technologies restent en compétition, à savoir :
AC | DC | |
Aérien | Câble | – |
Enterré | – | Câble avec gaine – VSC |
Le câble pour courant alternatif AC enterré génère de la puissance réactive qui impose l’emploi de réacteurs shunt pour la contre carré. Ceci ouvre la voie à de multiples problèmes.
En ce qui concerne le courant continu DC en aérien, il est sensible à la foudre et son niveau sonore dépasse les normes en vigueur.
3.8.2 L’enquête publique : la prise en compte des habitants
Le dossier soumis à l’enquête publique devra être lu par des personnes de formation très diverse. Mais chacune de ces personnes a, comme électeur, la même valeur. C’est le principe de base de la démocratie qui se traduit par « une personne, une voix ». Nous ne sommes plus au système capacitaire où la valeur de la personne dépend de sa capacité, où par exemple un ingénieur avait plus de voix électorales qu’un ouvrier. Lors d’une enquête publique, le respect de l’autre exige de rédiger un texte de base dans un langage accessible pour tous.
Dans le cas présent combien de gens ont-ils la formation d’ingénieur en électricité pour accéder aisément au contenu scientifique et technique du document ? D’autant que même pour un ingénieur, la rédaction touffue du document l’oblige à faire de constants aller-retour dans tout le document pour trouver un fil conducteur lui permettant de saisir les enjeux à leur juste mesure.
Question 26 :
Pourquoi ELIA a-t-il fourni un document qui reprend des technologies qui de toutes façons ne seront pas prises en considération ? Pourquoi a-t-il encombré son dossier de tant d’informations inutiles à sa compréhension ?
4 – 6GW – Deux cas d’application de la technologie HVDC 525 kV
4.1 Document « Technologies étudiées » – page 28
Le texte précise « Ce type de courant (NDLR : courant continu DC) est devenu la norme pour les liaisons sous-marines et les lignes très longues de plus de 1.000 km ». Ce commentaire prête à confusion et peut laisser penseur que le courant DC ne vaut également que pour les liaisons sous-marines de plus de 1.000 km.
4.1.1 Liaisons Grande Bretagne – Belgique : 140 km
Dans le cas de la liaison Richborough (GB) / Zeebrugge (B), le câble sous la manche à une longueur de 130 km. Elle a été inaugurée le 05 décembre 2018. C’est le projet NEMO Link
4.1.2 Liaison Wolmirstedt / Isar en Allemagne : 273 km.
La longueur totale liaison projetée entre la centrale de Wolmirstedt en Saxe-Anhalt à la centrale d’Isar en Bavière, un câble HVDC 525 kV est de 273 km. Elle a été attribuée en mai 2020.
4.1.3 Remarques
Tout porte croire que le document de 119 pages « Etude technologique » de février 2019 se base sur des données antérieures. L’auteur (les auteurs) ne semble pas être au courant des évolutions technologiques qui se déroulent au moment de la rédaction de son/leur rapport
Question 27 :
ELIA compte-t-il présenter un document de base selon l’ Art. D.II.44. du CoDT avec des données réactualisées. Si oui, quand sera-t-il à disposition des experts ?
5 – 6GW – Analyse économique
5.1 Document « Analyse économique » – page 81
Le graphique ci-dessous repris en page 81 donne une idée des coûts pour une liaison de 75km de longueur pour les différentes technologies.
Pour encore aller plus loin que la question n°27, pourquoi Elia a rédigé un dossier de base reprenant le courant DC enterré alors que les chiffes financiers semblent évident comme de « l’eau de roche » ? Quel est le gestionnaire, le bourgmestre, le ministre sensé qui va oser obliger une entreprise à investir 1,8 milliards € en HVDC 500 kV enterré alors que la solution HVAC 380 kV aérien ne coûte que « 200 millions € »
Pourquoi agiter les populations, les conseillers communaux, les bourgmestres, le gouvernement wallon … sur un dossier pour lequel les carottes semblent budgétairement déjà cuites avant même de commencer ?!
Ceci soulève différentes interrogations.
Question 28 :
Sur un investissement de 1,8 milliards € (figure 32), la part relative aux stations de conversion VSC semble représenter 820 millions €. L’examen des projets SuedOstLink et NEMO Link, ci-dessous, donnent des valeurs sensiblement plus faibles. Elia peut-elle justifier les différences des prix ?
5.2 Le projet SuedOstLink en Allemagne – 500 m€
Le projet SUEDOSTLINK d’une ligne HVDC 525 kV de 273 km est budgété à 500 million € (sans les stations conversion VSC).
Question 29 :
Le câble enterré en DC pour la Boucle du Hainaut coûterait environ 500 million € pour 84,8 km soit 5.896.226 €/km, alors que celui de SuedOstLink coûterait 500 million € pour 273 km soit 1.831.502 €/km. ELIA pourrait-il nous garantir l’intégrité de sa machine à calculer ?
5.3 Le projet NEMO Link 500 m€
Le projet NEMO Link a été commenté comme suit dans la presse internationale « In June 2015, Siemens and J-Power Systems were given contracts totaling €500m to construct the transmission line. Siemens supplied its HVDC Plus technology for the power transmission and also handled the construction of converter stations in Kent and Zeebrugge. The company said that in the first converter station, the alternating current (AC) is converted into direct current (DC), which is transmitted through cable to the second converter station on the other side of the transmission link, where it is changed into AC. J-Power, a subsidiary of Sumitomo Electric Industries, designed, fabricated and installed the HVDC XLPE cable system ».
Et d’ELIA de commenter dans un communiqué de presse – Bruxelles, le 04/02/2020
« Ce nouveau produit a immédiatement fait ses preuves en décembre lorsque le réacteur nucléaire de Tihange (BE) (1 GW) a cessé de fonctionner (37 heures) et que la production d’énergie belge était faible. Cela a créé un pic de déséquilibre. Avec Nemo Link, l’interconnecteur a donc pu proposer des solutions rapides pour rééquilibrer les positions grâce à sa flexibilité technique et son offre de produits permettant de réagir en temps réel. »
Notez qu’ ELIA parle de « produit », ce qu’il vend est une marchandise … et les citoyens où sont-ils ? De plus Elia n’a pas eu besoin de la Boucle du Hainaut pour « sauver » la production de Tihange.
Question 30 :
La construction de deux stations de conversion VSC du câble HVDC 500KV de la Boucle du Hainaut sont estimées à 820 millions alors que le projet NEMO Link comprenant
-
- 1 station de conversion VSC dans le Kent,
- 1 station de conversion à Zeebrugge
- fourniture, pose de 130 km de câble enterré dans le fonds de la Manche
- 10 km de câble HTAC enterrés de part et d’autre des stations de conversion pour rejoindre les sous-stations.
a été attribué à Siemens pour « seulement » 500 million € ?
Comment ELIA peut-il justifier un pareil écart budgétaire entre ces deux projets ?
6 Réflexion technique
Que dire ? L’analyse nécessaire pour poser seulement 31 questions a duré plusieurs jours pour comprendre et formuler le plus correctement possible. De nombreuses autres questions restent en suspens, mais elles nécessitent encore plus de temps pour les identifier et les formuler. Comme citoyen, un dossier 6GW est un travail qui dépasse ma mesure.
6.1 Le retour du courant continu.
La situation que nous connaissons est le résultat d’un conflit initial entre Thomas Edison et Nicolas Tesla. La puissance économique d’Edison lui a permis d’évince Tesla. Ces dernières années, il y a un retour en force du courant continu. Ce retour peut être comparé aux antennes de télévision qui envahissaient les toits des maisons dans les années 50, 60. Les fabriquant d’antennes ont du finalement courber l’échine devant la télédistribution.
6.2 Un dossier orienté
Est-il vraiment nécessaire de vouloir transporter une puissance électrique de 6GW ? Ce qui apparaît clairement, c’est que le dossier de base d’ELIA est tout orienté vers la solution « HVAC 380 kV aérien ». Or la solution « HVDC 525kV enterré » est la moins mauvaise des solutions en matière de transport de l’électricité [6]. En effet :
- Une ligne enterrés disparaît du paysage des habitants sur 83,9 km. Les extrémités de 300m sont réservées aux stations de conversion VSC. Le nombre d’habitants des 14 communes s’élèvent à environ 364.000 personnes. Ce n’est pas négligeable pour des responsables
- Le courant continu DC ne produit pas de rayonnement électromagnétique contrairement au courant alternatif
Ce sont vraiment les deux points essentiels sur lesquels les habitants réagissent. Dès lors, quelle est l’actualité des budgets renseignés par ELIA. Comparé à NEMO Link, ils semblent exagérément défavorables au transport d’électricité par courant continu DC.
6.3 Demandons la modification du SDER
Pour cela, nous suggérons de modifier le texte de la SDER (Schéma de Développement de l’Espace Régional) de 1999 toujours d’application et repris à la page 83 du document de base d’Elia:
« La poursuite de l’équipement de production et de transport d’électricité doit répondre aux principes suivants :
- Toute nouvelle ligne jusqu’à 150 kV sera souterraine …. ».
En remplaçant la phrase « Toute nouvelle ligne jusqu’à 150 kV sera souterraine ; » par « Toute nouvelle ligne de 30 kV[7] et plus sera souterraine ; »
Cela dit LES COMMUNAUX se demandent tous, et sans exception, si le choix d’une nouvelle ligne 6GW THT AC est vraiment la solution pour le Hainaut et la Wallonie ?
7 Quel société voulons-nous : Avec ou sans 6GW ?
L’urgence dans laquelle ELIA nous place avec la demande réservation rend difficile la collecte d’informations en si peu de temps. Car c’est bien du temps que nous avons besoin pour comprendre les enjeux et prendre une position définitive. Tout ne vient pas immédiatement à l’esprit d’autant que le sujet est complexe. Nous ne sommes pas tous les jours confrontés à la demande d’une ligne d’une puissance de 6GW.
7.1 Les besoins en énergies des acteurs économiques du Hainaut.
Les besoins du Hainaut seraient de l’ordre de 1,6 GW.
Question 31 :
Pourquoi dès lors installer une ligne de 6GW ? Pourquoi une ligne aussi puissante alors que le gouvernement wallon écrit « … mais aussi et surtout de soutenir le développement économique de la province du Hainaut » ?
7.2 Rentabiliser au plus vite
Nous comprenons qu’elle veuille rentabiliser au plus vite son investissement de 1 milliard € dans la firme allemande 50hertz. Mais pourquoi devrions-nous supporter la conséquence de sa boulimie lors du rachat cette firme. Le marché estime qu’elle aurait payé 250 millions € au-dessus du pair ?
Le constat en matière d’énergie c’est que l’on replace simplement l’énergie nucléaire, concentrée en quelques points, par une autre énergie elle aussi concentrée en quelques zones. Dans sa conception actuelle, l’énergie éolienne en mer du Nord apportera-t-elle plus de sécurité d’approvisionnement ?
Nous commençons tous à comprendre que la fonte de la banquise et des glaciers du Groenland provoqueront une hausse des niveaux marins. Les tempêtes d’équinoxes ne risqueraient-elles pas de créer des drames en balayant les éoliennes perdues dans l’océan.
7.3 Des monstres qui produisent 6GW d’électricité
Ces éoliennes nous apparaissent maintenant comme des monstres dont les tentacules de 380.000 Vac avance inexorablement pour s’étendre au-dessus de nos têtes. Nous avons le sentiment d’être pris dans une toile qui enlaidi notre environnement et nous inquiète.
L’énergie éolienne selon l’évangile apocryphe de St Elia n’est plus une énergie vertueuse réduisant la pollution pour un mieux vivre. C’est un rêve, qui s’est transformé en cauchemar.
Pire, l’entreprise privée à finalité publique et d’intérêt public ELIA a basculé dans un capitalisme agressif. C’est devenu une entité aliène au cœur sec qui agis au mépris de l’environnement, de la santé et de la sérénité des 364.000 habitants des 14 communes de la Boucle du Hainaut.
8 Un plan de réduction de la consommation électrique
La position du Gouvernement qui spécifie « mais aussi et surtout de soutenir le développement économique de la province du Hainaut » peut être lu de plusieurs manières.
- … développement économique « industriel » de la province du Hainaut
ou
- … développement économique « en économie d’énergie » de la province du Hainaut.
car les économies d’énergie permettent d’assurer un développement économique rentable pour la province de Hainaut et de la Wallonie.
Pourquoi installer une ligne de transport d’électricité d’une puissance de 6GW ? LES COMMUNAUX proposent la mise en place d’un plan d’économie. Son le but sera de réduire la consommation électrique pour rendre cette ligne de 6GW inutile.
De nombreuses actions sont envisageables. Certaines sont déjà en cours, d’autre doivent être accélérés ou doivent être mises en œuvre.
8.1 Un exemple de plan wallon de réduction de la consommation électrique.
8.1.1 Gestion globale
- Mise en place d’un modèle semblable à l’EURO diesel visant à retirer progressivement de la Wallonie les appareils électriques les plus énergivores en se basant sur les nouvelles directives en matière de labellisation.
Voici un exemple appliqué aux réfrigérateurs.
- Au niveau industriel, le premier critère serait la mesure du « cosinus phi » appelé aussi « facteur de puissance » des équipements. Les équipements électriques dont le cosinus phi est les plus éloignés de la valeur 1 seront les premiers à être mis à l’arrêt.
8.1.2 Habitat et bâtiment
- Modification de la réglementation pour imposer la mise en place de panneaux solaires dans les nouvelles constructions.
- Interdiction des chauffages électriques dans les nouvelles constructions, tant permanente que provisoire.
- Mise en place d’un plan d’élimination progressive des chauffages électriques visant à supprimer l’usage de ce type de chauffage.
- Remplacement systématique des équipements d’éclairage des administrations publiques par des éclairages à basse consommation d’énergie (ex. lampes à LED) avec système de diming, et/ou d’allumage par détection de présence.
8.1.3 Industrielle
- Interdiction de la fabrication, de l’importation et la commercialisation (sauf à des fins d’épuisement de stock en Belgique) de lampes à incandescence, halogène, au mercure, au sodium pour privilégier l’utilisation exclusive de lampes à basse consommation d’énergie (ex. lampes à LED).
- Mener une politique industrielle permettant aux entreprises belges/européennes de réoccuper le terrain de la production d’équipements d’économie d’énergie. Pour le moment la Chine dispose d’un quasi-monopole de production des panneaux solaires, largement subsidié par le régime communiste chinois, qui a totalement détruit les productions européennes.
8.1.4 Eclairage des voiries
- Accélération du remplacement des lampes le long des autoroutes et routes par des lampes à basse consommation d’électricité (ex. lampes à LED).
- Utilisation de l’énergie solaire pour les éclairages des lieux public qui ne relèvent pas de la voirie (ex. les parcs publics).
- Révision des normes d’installations de points lumineux le long des routes avec pour objectif de diviser par deux leur nombre. Le but est de réduire la facture d’électricité ainsi que la pollution lumineuse.
Voici l’éclairage de l’Europe la nuit vue de l’espace.
8.1.5 Signalisations lumineuses
- Remplacement systématique des lanternes tricolores utilisant des lampes à incandescence par des lanternes utilisant des lampes à basse consommation d’énergie (ex. lampe à LED).
- Equiper les signalisations lumineuses sur la voirie (ex. panneaux à messages variables) de panneaux solaire et/ou d’éoliennes. Le but est de les rendre indépendants du réseau électrique.
8.1.6 Production électrique
- Remise en route des centrales hydroélectriques locales, par exemple en remettant en service certains moulin à eaux. Si pas, construire des centrales électriques de village aux différentes chutes d’eau d’une hauteur suffisante.
- Accorder des facilités pour favoriser la mise en place d’un réseau de productions électriques locales dans chaque village.
8.1.7 Subsides et recherche
- Obligation pour toute demande de subside de présenter un volet d’ économie d’électricité indispensable pour valider son octroi. L’économie proposée peut ne pas être lié à l’objet de la demande.
- En concertation avec les institutions de recherche et/ou de développement pour favoriser les projets d’économies d’énergie électrique.
8.1.8 Mission de contrôle
- Confier aux CCATM (Commission Consultative d’Aménagement du Territoire et de la Mobilité) la tâche de vérifier si tout projet qui lui est soumis prévoit des équipements permettant de réduire la consommation d’énergie électrique.
9 CONCLUSION DES COMMUNAUX
Ne rejetons pas tout l’effort sur la Région wallonne ! Commençons dès maintenant, nous-même, à consommer moins d’énergie électrique. Cela nécessite un changement de mentalité et d’habitude de consommer. Arrêtons de vouloir plus … toujours plus. Cette boulimie de biens matériels nous rend-t-il plus heureux ?
LES COMMUNAUX sont opposé au couloir de réservation de 200mx84,8km de la Boucle du Hainaut pour le transport de 6GW de puissance. Il occupe une surface de 1.690 hectares, soit l’équivalent de près de 4.188 terrains de football.
LES COMMUNAUX sont pour la mise en œuvre d’un plan d’économie d’énergie au niveau de la Région wallonne avec la participation des citoyens. Son but serait de réduire sensiblement la consommation d’énergie électrique. De manière à supprimer la nécessité de nouvelles lignes à Très Haute Tension de 6GW ou autres..
[1] 6GW = 6 milliards de watts
[2] Commission Consultative de l’Aménagement du Territoire et de la Mobilité
[3] BEP – Bureau économique de la province de Namur en charge du développement économique de cette province
[4] IDELUX – l’intercommunale de développement de la province du Luxembourg
[5] THT Très Hautes Tensions.
[6] Cette réflexion ne signifie pas que LES COMMUNAUX sont d’accord avec le principe même de la Boucle du Hainaut.
[7] ELIA est compétente à partir de cette valeur.
Lire aussi : Argumentaire citoyen – Enquête publique – Corridor de 200m de la Boucle du Hainaut ( billet nr 74)
Lire aussi : 34. La Boucle du Hainaut – ELIA électrocute Brugelette au 380kV
Lire aussi : ELIA CCATM – Présentation du projet ELIA à la CCATM de Brugelette (n°76)
(s) Les Communaux
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