L’église de Cambron-Casteau est la plus ancienne des 5 paroisses de la commune de Brugelette. Elle date du XIIIème siècle. Un dossier de restauration est en cours. Les travaux seraient prévus en 2020. Mais, quelle est l’histoire de ce bâtiments très ancien de la région ?
1 Paroisse St Vincent – La restauration
1.1 A l’origine, des œuvres de Salvador Dali ont failli être atteintes
Tout a commencé en 2013 avec l’extraordinaire exposition Salvador Dali qui s’est tenue dans l’église de Cambron-Casteau.
Un mois avant l’inauguration, horreur l’eau perle sur les cadres des œuvres. De la buée recouvre les vitres et le carton arrière se ramollit sous l’effet de l’humidité. Le comité d’organisation évacue immédiatement les 75 œuvres de l’église. Heureusement, l’eau n’a pas eu le temps de les atteindre.
Lors de l’inspection des lieux, l’exposant conclu qu’il s’agit d’un phénomène d’inversion thermique . Il décide de maintenir la date de l’inauguration. Entre temps, les cadres sont retravaillés pour assurer une étanchéité parfaite.
1.2 Mais d’où vient cette humidité ?
Michel Niezen alerte la Fabrique de l’église de Cambron-Casteau. Avec son Président, ils découvrent ensemble la nécessité de faire des réparations à la toiture. Mais plus inquiétant, de larges fissures sont constatées entre le chœur (là où il y a l’autel) et la nef (la partie centrale de l’église). Une grosse réparation s’avère nécessaire.
1.3 Les fabriciens se concertent au sujet des réparations
Lors d’une réunion des fabriciens en 2013, Michel Niezen expose le problème et propose d’introduire un dossier de rénovation de l’église. Sans réparation, le risque de décollement du chœur est réel. Si l’église est très ancienne, en revanche le chœur a été construit en 1902 sur l’ancien cimetière au moment de la restauration suivie par l’architecte tournaisien Constant Sonneville. Lors de la construction, l’entrepreneur n’a probablement pas correctement stabilisé les fondations.
Josse BASTIEN (un fabricien) : « Monsieur, vous rêvez ! Le dernier dossier de restauration a mis au moins 15 ans. C’est au moment où le muret arrière s’est effondré, que cela a bougé. »
Michel Niezen : « Alors, autant commencer maintenant. Si vous n’agissez pas, l’église vas continuer à s’abîmer.»
Bien que la plupart des membres de la Fabrique aient plus de 80 ans et qu’ils ne verront probablement jamais la fin des travaux, ils prennent courageusement la décision de lancer un dossier de restauration.
Le président interpelle la Commune pour qu’elle entame les contacts nécessaires auprès des autorités compétentes. Effectivement, l’église est un monument classé, aucune modification ne peut se faire sans leur consentement. N’oublions pas, que ces autorités apportent une compétence indispensable pour ce genre de travaux.
1.4 L’évaluation du danger
Avant de commencer une réparation importante, la première étape est de s’assurer de la stabilité du bâtiment. Et c’est pourquoi, la Région wallonne installe des jauges de fissures sur les crevasses. Elles vérifient si ces dernières sont stables ou non.
Le dossier s’endort, car il faut beaucoup de temps avant de constater les résultats.
1.5 Un nouveau conseil de Fabrique est installé
L’ensemble du Conseil de Fabrique ayant démissionné, un nouveau conseil est installé.
Le 12 décembre 2014 sous l’égide du doyen Patrick WILLOCQ , Monsieur Lucien KESSELS (†) passe la main à Marie Jean Deschamps-Delputte. Elle devient la nouvelle présidente.
Les autres nouveaux membres sont Astrid LISON (Secrétaire), Etienne LELANGUE (Trésorier), Michel NIEZEN. Ce dernier propose que l’ancien président soit le 5ième membre. Le nouveau comité accepte la proposition et il revient dans la Fabrique qu’il a tant servi.
1.6 Un architecte est désigné, il se met au travail pour préparer la restauration
Après consultation et approbation par la Commune du « Marché de services d’auteur de projet et coordination pour les travaux de l’église Saint Vincent de Cambron-Casteau », c’est le bureau d’architecture « sc Ar & Tech sprl » à Ath qui est désigné. Et c’est l’Ingénieur civil – Architecte Luc Loncheval qui pilote le dossier.
Il y a de vieux plans. Ils sont beaux, mais ils ne sont pas suffisamment précis pour être utiles à la rénovation.
L’architecte dessine de nouveaux plans. Sans eux, il est impossible de commencer une restauration.
NB: Les petites lignes rouges marquent les fissures visibles de l’extérieur.
1.7 Quelques images techniques de l’intérieur du bâtiment
1.8 Quels sont les travaux de restaurations nécessaires ?
Les spécialistes de la Région wallonne et le bureau d’architecture ont tiré la conclusion, qu’il faut prévoir quatre types d’actions:
- la stabilisation du chœur de l’église en plaçant des pieux sous celui-ci
- le renouvellement des toitures des deux bas-côtés ainsi que leurs zingueries,
- les réparations ponctuelles sur la toiture de la nef et la rénovation du clocher.
- la remise en peinture de l’intérieur.
1.9 Le comité d’accompagnement pour la rénovation
Le Comité d’Accompagnement s’est réuni le 4 juin 2019 en présence de la Fabrique d’église pour étudier les réparations à effectuer. Complète, elle se compose de
- la Fabrique d’église,
- l’AwaP- Direction opérationnelle de la zone Ouest (Région Wallonne),
- le bureau d’architecture Art & Tech
- la Commission Royale des Monuments, Sites et Fouilles
- le SPW-DGO4 – Direction extérieure du Hainaut 1
- la commune de Brugelette
1.10 Quel sera l’évolution du dossier ?
Plusieurs réunions seront encore nécessaires pour tout mettre au point. Si tout se déroule bien, nous pouvons espérer le début des réparations en 2020.
2 Paroisse St Vincent – Les origines de l’église à restaurer ?
2.1 Elles remontent à la nuit des temps.
Pour la première fois, le nom de Cambron apparaît dans un acte de Pépin le Bref daté d’environ 751 AD. C’est le père de Charlemagne.
Par après Cambron se divise en plusieurs parties et le nom de Cambron-Casteau apparaît pour la première fois dans les textes en 1214/15 AD. Au plus tard en 1254 AD, Cambron-Casteau compte une église paroissiale transformée ensuite en chapelle dépendant de Gages sous le patronage de l’abbaye d’Anchain.
C’est un des plus vieux édifices de la région. A ce titre c’est un bâtiment remarquable. Il vaut vraiment la peine d’être restauré.
2.2 Présentation de l’église par le clerc paroissial Josse Bastien – 1975
3 Paroisse St Vincent – Construction :
XIIIe siècle – Style Gothique primaire – réalisée en moellons régionaux, la bâtisse a subi quelques modifications en 1737 au niveau de sa décoration et de sa toiture couvrant la nef et les bas-côtés. Restauré et agrandie au XXe siècle (1902-03) classé en 1946 dans la deuxième classe des édifices monumentaux du culte.
3.1 Clocher :
Dépourvu de sa flèche par un ouragan le 27 mars 1606 – rétablie en 1737 par Guillaume Labrique – maïeur de Cambron-Casteau.
3.2 Cloches :
« Stéphanie Adémarie » placée en 1888 fut enlevé par l’occupant le 7 septembre 1943 – Remplacée par « Marie » 670kg – Consacrée le 17 mars 1991 par Mgr. Jean Huart, évêque de Tournai – Une cloche de 604kg (sans nom) fut offerte en 1887 par le colonel Monnier de Cambron-Casteau.
3.3 Autel latéral gauche :
Dédié à N.D. de Cambron (fête le 3ième dimanche après Pâques). Statue de N.D. de Cambron – sauvée à la Révolution Française – placée dans cette église en 1803 – Une peinture sur cuivre représente l’attentat sacrilège commis contre l’image de la Vierge, … , au monastère de Cambron, en 1322.
3.4 Banc de communion :
Œuvre en dinanderie – 5 panneaux ajourés avec en médaillon des figures d’apôtres – St Marc – St Jean – St Mathieu – St Luc. Il a été abîmé par l’usage intempestif de produits nettoyants agressifs comme par exemple le Sidol. Pourquoi ne pas profité de la restauration pour donner une formation au bon choix des produits nettoyant ?
3.5 Maître autel :
Pièce unique – pur chef d’œuvre de cuivrerie, représentant, à gauche : La manne dans le désert – à droite : la multiplication des pains – l’inscription en latin au bas du retable signifie
« Ô banquet sacré dans lequel le Christ est mangé ».
NDLR: Retable néo-gothique daté de 1910-1912 attribué au sculpteur Dehin, originaire de Liège.
3.6 Autel latéral droit :
Dédié à St Vincent de Soignies (fête le 14 juillet) – patron de la paroisse (dépendant autrefois du chapitre St Vincent de Soignies). Invoqué pour obtenir guérison de la goutte et des rhumatismes – cet autel a été donné par Dieudonné Deschamps, président de la fabrique d’église, le 23 mai 1909.
3.7 Vitraux de la façade :
Offerts par le Conte Adhémar du val de Baulieu, en 1872.
3.8 Vitraux du chœur :
Offerts par l’abbé André, Madame Alice Leroy, Madame Marie Plumat et Madame Alice Gilman.
3.9 Escalier du jubé :
Remarquable pièce de menuiserie en colimaçon.
3.10 Baptistère (à restaurer) :
Très élégant, recouvert d’un artistique dôme en cuivre (XVIe siècle).
Le Doyen Patrick WILLOCQ souhaitait déplacer les fonds baptismaux plus au centre l’assemblée des fidèles. En 2017, un ouvrier de NIEZEN Traffic sonde la base du baptistère. Il est simplement posé sur le dallage. La colonne présente de nombreuses fissures. Le poids de la cuvette est trop important. Le support finira par se désagréger dans les années ou les décennies à venir. L’origine du réceptacle et du pieds est différente l’un de l’autre. Suite à ce contrôle, NIEZEN Traffic déconseille de toucher à l’ensemble. Pourquoi ne pas inclure sa restauration dans le dossier de rénovation ?
3.11 Reliques :
Relique de St Bernard (fondateur de l’abbaye de Cambron en 1148) un morceau d’étole – Relique St Vincent (patron de Cambron-Casteau) un ossement – Relique de Bienheureux Désidère, évêque de Thérouane, décédé à l’abbaye en 1194 – placé sous le maître autel le 14 novembre 1811 ».
Sic Transit Gloria Mundi
« Ainsi passe la gloire du monde »
(s) Michel NIEZEN
Conseiller communal à Brugelette
Références
https://www.persee.fr/doc/rbph_0035-0818_1985_num_63_4_3519
https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_Saint-Sauveur_d%27Anchin
http://www.diocese-tournai.be/paroisses/up/3-chievres-brugelette.html
http://www.brugelette.be/Culture-et-loisirs/vie-associative/fabrique-deglise
Bonjour,
Merci pour vos nombreux articles très intéressants .
Cordialement
P-Lefebvre
Superbe travail et dossier intéressant, bravo
Un lensois amateur d’histoire locale,
Daniel Garot